HAUTE VILLE - Péril en la demeure

Menacés par les risques d’éboulement, des habitants de la colline de Manjakamiadana hésitent entre quitter leurs maisons ou rester malgré le danger.

La tombée des pluies accentue les menaces  d’effondrements à Manjakamiadana.

La colline de Manjakamiadana demeure sous étroite surveillance. Malgré les alertes répétées sur les risques d’éboulement et de chutes de pierres, particulièrement en cette saison des pluies, de nombreux habitants continuent d’y vivre. Ils se trouvent pris dans un véritable dilemme : hésiter entre partir pour se protéger, au risque de perdre leur maison et leur quartier, ou rester face au danger, faute d’alternatives. Hier, en parcourant plusieurs quartiers de la Haute Ville, nous avons croisé des habitants vaquant à leurs occupations quotidiennes, comme si le risque permanent qui pèse sur la colline n’entamait en rien leur routine.

Classée zone à risque par le Bureau national de gestion des risques de catastrophes (BNGRC), la colline présente des versants Est et Ouest considérés comme inhabitables. « Dès que la pluie commence à tomber, nous vivons dans l’inquiétude permanente », confie une mère de famille habitant le quartier d’Antsahondra.

Sur place, les habitants ne nient pas les risques, mais peinent à envisager un départ. « Nous sommes encore ici pour le moment. Mais si un sinistre survient, nous descendrons nous installer dans un établissement scolaire en bas. Cela fait dix ans que j’habite ici. Si les autorités locales nous demandent d’évacuer, nous obéirons », témoigne Marie Louise Solonirina, résidente d’Ampamarinana.

Résignation et vigilance

Selon le BNGRC, près d’un millier de maisons situées sur la colline de Manjakamiadana et dans ses environs sont directement exposées à ces menaces. Les secteurs les plus vulnérables incluent Ankadilàlana, Ambohipotsy, Faliarivo Ambanidia, Ankazotokana Ambony, Andafiavaratra et Ambohitsiroavana.

Certains habitants adoptent une attitude plus résignée. « Quand la mort arrive, elle arrive, on ne peut pas l’empêcher. Mais lorsqu’il pleut abondamment, nous descendons chez des membres de notre famille pour y passer la nuit. Depuis le début des pluies, nous n’avons pourtant pas quitté notre maison», explique un vendeur de café du quartier d’Ankadilàlana.

Pour l’instant, aucun drame n’a été enregistré. « Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de victimes liées aux chutes de pierres ou aux glissements de terrain. Les habitants sont habitués et ne paniquent plus. Même lorsque nous leur demandons d’évacuer, certains choisissent de rester», indique Méline Rasohanitriniaina, chef de secteur d’Ambohipotsy, l’un des quartiers identifiés comme zones à risque sur la colline.

Pourtant, les risques sont bien réels. Le BNGRC signale la présence d’une vingtaine de rochers de plusieurs tonnes, présentant des fissures inquiétantes dans les zones en hauteur de Manjakamiadana. Les pluies continues et les orages actuels augmentent fortement le danger. « Même un simple impact de foudre pourrait provoquer l’effondrement de ces rochers », avertit l’organisme. De nouveaux systèmes d’alerte, notamment des sirènes et des drones de sensibilisation, ont été testés ce week-end sur la colline de Manjakamiadana.

Attachés à leur lieu de vie et confrontés à des difficultés sociales, les habitants de Manjakamiadana vivent sous une menace permanente. Faute de solutions de relogement durables, la vigilance et la prévention restent essentielles pour éviter un drame.

Mialisoa Ida

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