FOIRE ÉCONOMIQUE - Le bassin de Sambirano fait l’objet d’un projet

Pour la première fois, un événement économique valorise un espace reconnu pour sa richesse agricole, sa biodiversité unique et son potentiel économique.

La visite d’un site de préparation de cacao à Mangabe figurait dans le programme de la première édition de la Foire économique du Sambirano.

La ville d’Ambanja a abrité, la semaine passée, la première édition d’une foire économique d’envergure, dédiée à la valorisation de son bassin versant, dont les richesses et les potentialités économiques sont encore largement sous-exploitées. L’événement de deux jours a réuni producteurs locaux, coopératives, transformateurs, opérateurs économiques, institutions publiques et organisations communautaires.

Placé sous le thème « Sambirano, terre de richesses, terre d’avenir », l’événement, organisé par le Comité de gestion du bassin versant du Sambirano (Cogebs) en collaboration avec l’organisation non gouvernementale Helvetas, a marqué toute la région. Son objectif principal a été de mettre en lumière les activités productives issues du bassin versant du Sambirano, portant surtout sur les produits de rente comme le cacao, le café, la vanille, les produits apicoles, les fruits, les épices, les plantes aromatiques et autres ressources forestières.

Lorsqu’on parle du bassin du Sambirano, la culture du cacao vient aussitôt à l’esprit. Véritable emblème agricole de la région, ce secteur constitue la première source de revenus du district d’Ambanja. Les chiffres sont éloquents : une grande majorité des habitants dépend directement de cette filière, qui représente, à elle seule, entre 75 % et 80 % de l’économie de la région Diana. Pourtant, malgré cette importance stratégique, la valeur réelle du cacao reste trop souvent sous-estimée par les communautés locales.

Le cacao au cœur des échanges

C’est précisément pour répondre à ce défi et raviver la conscience collective autour de cette richesse que la Foire économique du Sambirano a été organisée, un événement qui n’avait plus été tenu depuis 1977. Cette initiative marque ainsi un retour historique visant à promouvoir le cacao et les autres potentialités du bassin versant, mais aussi à rappeler leur rôle essentiel dans le développement durable de la région.

Des stands ont été installés pour présenter les produits dérivés du cacao ainsi que les savoir-faire des agriculteurs qui évoluent dans cette filière, de manière artisanale ou semi-industrielle. Les visiteurs ont ainsi pu découvrir une diversité de produits issus de pratiques agricoles traditionnelles, mais aussi de techniques améliorées. Tout cela pour mettre en évidence les efforts entrepris pour renforcer la productivité tout en préservant l’environnement.

En outre, un espace d’échanges a réuni le Conseil national du cacao, les producteurs et différents opérateurs pour débattre des enjeux actuels, notamment l’entrée en vigueur, en 2026, de la Réglementation européenne contre la déforestation ou Rdue. Cependant, la filière cacao fait face à de nombreuses menaces, notamment le changement climatique et la déforestation. Le Cogebs souhaite donc attirer l’attention de tous sur la nécessité de protéger le bassin, car il s’agit d’une ressource que l’on peut encore préserver.

« Aucun opérateur n’a jamais enregistré de pertes en travaillant dans le Sambirano, mais cela nécessite une synergie collective. Les opérateurs économiques ont une responsabilité majeure, car il ne peut y avoir de développement économique durable sans protection du bassin du Sambirano. La nature doit être préservée pour assurer la pérennité des activités économiques», affirme le président de l’organisation, Mandigny Raymond.

La foire du Sambirano a également mis en avant deux actions majeures : la promotion de l’emploi des jeunes et la distribution de deux cent quatre titres fonciers collectifs aux agriculteurs des communes d’intervention du Cogebs, dont plus de 30 % de femmes.

Cette opération, soutenue par Helvetas sur dix-huit communes, dont six déjà couvertes, vise à sécuriser les terres des familles rurales, encourager l’inclusion des femmes et mettre fin à la croyance selon laquelle elles ne pourraient hériter. Plusieurs hommes ont d’ailleurs volontairement attribué une partie de leurs terres à leurs épouses.

Fortes de ce succès, les autorités régionales envisagent désormais de pérenniser cet événement afin qu’il devienne un rendez-vous annuel.

Raheriniaina

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