Nous sommes donc dans cette dernière ligne droite de l’année, celle qui mène à un point d’arrivée qui attend qu’on l’atteigne dans la joie et la fête qui seront présentes dans beaucoup de foyers le jour de la Saint-Sylvestre, affectionnée pour son ambiance unique. Et dans l’attente de cette nuit, on se met à croire qu’on va se décharger de toute la pesanteur accumulée en douze mois.
L’année, dans les calendriers qui occupent nos murs, nos bureaux ou nos téléphones..., est en train de voir ses derniers jours expirer. Et les esprits, ployés sous l’énorme poids produit par l’accumulation des heures, voient la légèreté dans le futur agenda de la prochaine année, qui sera encore complètement à remplir. Et c’est l’angoisse, au sens existentialiste du terme, qui surgit : on est face à ce néant (l’année qui est encore en gestation) ouvert à tant de possibles.
Les mêmes jours et les mêmes mois vont revenir mais, comme l’a affirmé Héraclite, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Cette fameuse affirmation, qui soutient la prépondérance de l’impermanence, s’applique aussi à l’année: 2026 ne sera pas 2025. Portés par cette certitude, nous sommes aussi enclins à penser qu’elle sera alors moins dure à traverser. Cependant, sa lourdeur dépendra en grande partie de ce qu’on en fera, de ce qu’on décidera à chaque carrefour qui se présentera.
Les derniers mois sont objectivement semblables aux autres qui les ont précédés et à ceux qui vont les suivre. Mais concrètement, on vit la période actuelle dans une allégresse qui semble donner une légèreté que n’eurent pas les autres semaines qui ont été écrasantes. Bergson dirait probablement qu’on peut ainsi constater la différence entre la durée vécue et le temps mesuré (par les horloges...) : les jours propices à la fête s’écoulent rapidement, emportés par la félicité, alors que la gravité des moments ordinaires semble ralentir les secondes.
T. S. Eliot a un jour écrit : « In my end is my beginning » (« Dans ma fin est mon commencement. »). Cette rencontre entre l’achèvement et le début s’accomplit à chaque 31 décembre. La suite sera le produit des choix de chaque individu qui pourra mieux négocier le nouveau commencement et atténuer le fardeau que peuvent infliger les prochains jours. Sinon, on restera dans ce cycle où à un court laps de temps d’euphorie succède la même routine éprouvante qui sera encore au rendez-vous pour confirmer la célèbre assertion de l’Ecclésiaste : « Rien de nouveau sous le soleil. »
Fenitra Ratefiarivony