Pour une décision incongrue, on ne peut pas faire mieux que celle prise par le Fonds monétaire International à l’encontre du Botswana. Le président du Botswana, Duna Doko, avait l’intention d’étendre la participation de l’État dans la société De Beers, qui exploite le diamant botswanais. Actuellement limité à 15%, le Botswana voulait augmenter cette participation. Mais, aussi curieux que cela puisse paraître, le rêve botswanais s’est heurté à un refus catégorique du FMI. Les raisons de la position de ce bailleur de fonds sont les risques fiscaux et la dépendance de l’économie aux diamants. Autrement dit, le Botswana n’a pas le droit de gérer ses propres ressources. C’est d’autant plus incompréhensible que le Botswana n’est pas un pays pauvre où les bailleurs de fonds dictent les réformes économiques et le programme de développement de leurs créanciers. Avec un PIB de 2212 dollars, le Botswana est la troisième économie d’Afrique australe derrière l’Afrique du Sud et l’Angola. Il n’a pas de problème d’énergie avec 76,6 % d’accès à l’électricité pour sa population. Le Botswana possède également le troisième meilleur réseau routier d’Afrique australe. Et derrière Maurice, il est le deuxième pays le plus paisible d’Afrique. Sa capitale, Gaborone figure parmi les villes les plus propres d’Afrique.
Pour tout dire, le Botswana n’a pas besoin de la thérapie du FMI pour accélérer son développement, étant donné qu’avec le diamant, le cuivre assure également la prospérité de son économie, avec bien évidemment une bonne gouvernance, un climat des affaires impeccable et l’inexistence ou presque de la corruption.
Les Botswanais ont ainsi du mal à comprendre le véto du FMI et ses arguments pour le moins fallacieux. Si ce n’est une protection pure et simple du géant sud-africain De Beers, ça y ressemble ainsi qu’un blocage délibéré de l’économie botswanaise à progresser.
Il s’agit d’abord d’une ressource botswanaise. Il peut en faire ce qu’il veut quand il veut. On comprend pourquoi toutes les réformes économiques et les programmes de redressement imposés par les bailleurs de fonds, à l’image du FMI, n’ont apporté aucun résultat positif depuis plus de quarante ans dans un pays pauvre comme Madagascar. Pourtant, on a plus de ressources que le Botswana. Les bailleurs de fonds semblent se comporter comme des usuriers et ne se soucient guère des résultats de leurs actions, du moment que les pays contraints à la mendicité et à l’assistanat peuvent rembourser les capitaux et les intérêts des soi-disant disant « investissements». À méditer.
Sylvain Ranjalahy