DIANA - Une nouvelle approche intégrée pour sauver les tortues marines

Alors que les tortues marines font face à toutes sortes de menaces croissantes, une nouvelle stratégie de conservation, dénommée « Projet Aro Fano », vient de voir le jour

Les participants issus de différents secteurs de la région Diana sont déterminés à adhérer au projet « Aro Fano ».

DE nombreux dangers guettent les « fano », ou tortues marines, liés à la pêche illégale, à la pollution, aux déchets plastiques, à la dégradation de leurs habitats et aux changements climatiques. Une nouvelle stratégie de conservation, dénommée « Projet Aro Fano », vient ainsi d’être lancée. La région Diana figure parmi les zones pilotes retenues pour la mise en œuvre de ce projet national.

Fondée sur une approche intégrée et inclusive, elle associe communautés locales, scientifiques, organisations non gouvernementales et autorités publiques pour protéger durablement ces espèces emblématiques. Ce modèle innovant mise sur la sensibilisation, la science participative et la gouvernance communautaire pour garantir un avenir plus sûr aux tortues marines.

Pendant longtemps, les actions de conservation se concentraient surtout sur la protection directe des tortues : surveillance des sites de ponte, lutte contre les captures illégales, suivis scientifiques ponctuels. Ces efforts, bien que nécessaires, se sont révélés insuffisants face à la diversité et à l’ampleur des menaces. La nouvelle approche prônée par Madagascar, après la COP 15 à Montréal en 2022, repose désormais sur une vision globale, reconnaissant que les tortues marines ne peuvent être protégées efficacement que si l’ensemble de leur environnement- plages, herbiers marins, récifs, routes migratoires- est géré de manière cohérente. À cela s’ajoute l’implication indispensable des communautés côtières, dont les pratiques, les savoirs traditionnels et les besoins économiques influencent directement la survie de l’espèce.

Cette approche « inclusive » place les populations locales au centre du processus de décision et d’action. Elle repose sur trois principes majeurs et favorise un modèle gagnant-gagnant : protéger les tortues tout en améliorant les conditions de vie des familles vivant du littoral.

Une approche multisectorielle

Pour être réellement intégrée, la nouvelle stratégie associe divers secteurs. Cette collaboration permet d’agir simultanément sur plusieurs fronts, tels que la réduction des captures accidentelles, la lutte contre la dégradation des herbiers marins, la sensibilisation du public, le renforcement des réglementations, la restauration écologique et l’amélioration de la gouvernance locale.

C’est dans cet esprit qu’un atelier de deux jours a été organisé dans la capitale du Nord. La grande salle de la Région Diana a accueilli, mercredi, le lancement officiel du « Projet Aro Fano », un programme de cinq ans dédié à la protection des tortues marines et à la gestion durable des écosystèmes marins. Durant deux jours, les représentants des autorités régionales, du ministère de l’Environnement, des organisations, des partenaires et des communautés côtières, venus d’Antsiranana jusqu’à Nosy Be, ont participé aux travaux de cet atelier. Au programme: présentation des objectifs, échanges techniques et partage d’expériences autour des enjeux environnementaux et socioéconomiques liés à la préservation des « fano », appellation locale.

Les participants sont tous unanimes : la région Diana est privilégiée d’être choisie comme site d’intervention et soutiendra sans réserve ce projet, car les « fano » constituent un véritable patrimoine national. Selon les explications données lors de ce rendez-vous, le nord-ouest du pays, de la baie d’Antsiranana à Analalava, constitue l’un des plus importants réservoirs marins, regroupant les prairies sous-marines les plus vastes et les plus diversifiées de l’île, avec pas moins de douze espèces d’herbiers marins. Pourtant, ces herbiers font face à un déclin mondial alarmant, estimé à 7 % par an.

Les tortues marines, elles aussi, subissent une pression croissante : cinq des huit espèces existantes dans le monde fréquentent les eaux malgaches, dont la tortue imbriquée, la tortue verte ou encore la tortue luth. « Les retombées attendues du « Projet Aro Fano » portent sur la protection des tortues marines et des herbiers marins, le renforcement de la gouvernance locale et nationale, ainsi que la promotion d’un développement économique durable au bénéfice des communautés locales », affirme le coordonnateur national du projet, Rivosoa Rabenandrianina.

Raheriniaina

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