CODE MINIER - Peu d’avantages pour les exploitants modestes

Le Code minier devrait protéger les petits exploitants et encadrer l’orpaillage artisanal. Pourtant, démarches lourdes, coûts élevés et manque de transparence les maintiennent marginalisés.

Des pierres que l’on peut trouver facilement partout  à Madagascar, mais qui n’ont pas encore été mises en valeur.

Les petits exploitants miniers disposent d’un cadre légal censé les protéger, mais dans la pratique, il leur apporte peu d’avantages. Le Code minier prévoit un permis spécifique (PRE ou PREA) et des zones réservées pour encadrer l’orpaillage artisanal et les petites mines. L’objectif est de formaliser l’activité, garantir un accès légal aux ressources et professionnaliser les techniques.

Pourtant, ces mesures restent difficiles à appliquer. Les démarches sont longues et coûteuses : études techniques, cartographie et taxes sont souvent hors de portée. Même les redevances et impôts peuvent dépasser les revenus de l’exploitation, d’après les explications d’une étudiante en géologie à Ankatso, lors de la Journée internationale de la Géodiversité organisée à Ankatso. La lenteur administrative contraint de nombreux artisans à travailler informellement, limitant la transparence et favorisant la corruption. « Beaucoup d’exploitants attendent des mois, voire des années, avant d’obtenir leur autorisation », constate-t-elle.

De l’autre côté, la situation s’explique aussi par une gouvernance minière fragile. Selon le Dr Souleman, « le problème principal de Madagascar n’est pas le manque de ressources, mais la mauvaise gouvernance minière ». 

Potentiel sous-exploité

Pour que l’exploitation profite réellement aux Malgaches, il est important d’informer la population sur le potentiel des ressources et de mettre en place une gestion transparente.

Les contraintes techniques et financières restent énormes. « Les équipements sont coûteux et difficiles à obtenir », explique le géologue Raibesolo, présent à l’événement. Les petites mines ne peuvent pas exploiter au-delà de 20 mètres de profondeur et n’ont pas accès à l’exportation. Les démarches administratives, comme les permis ou l’ouverture de comptes bancaires, compliquent encore l’activité.

Malgré ces obstacles, Madagascar possède un potentiel important. La Journée internationale de la Géodiversité, organisée par le CRGME à Ankatso du 10 au 12 décembre, met en avant les richesses géologiques du pays et la nécessité de les exploiter de manière responsable. « La géodiversité inclut toutes les richesses de la Terre, qu’elles se trouvent sous terre ou à la surface », rappelle le Dr Souleman. Cette sensibilisation est essentielle pour que les ressources deviennent de véritables leviers de développement durable.

Enfin, Madagascar forme chaque année une vingtaine de diplômés en master de géologie appliquée à Ankatso et autant à Vontovorona. Pourtant, faute de simplification des permis, de formation adaptée et d’une gouvernance efficace, le secteur minier reste sous-exploité. Les étudiants se ruent vers les grands investisseurs, les grands exploitants. Pour que les petits exploitants en tirent profit, la loi doit passer de la théorie à la pratique, avec un encadrement réel et des mécanismes qui bénéficient directement aux Malgaches.

Irina Tsimijaly

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