Le graphite malgache s’impose comme un acteur stratégique dans la filière des batteries électriques. Le projet Molo, exploité par NextSource Materials à Madagascar, attire l’attention des industriels et des investisseurs internationaux.
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| Le graphite figure parmi les matières premières stratégiques des batteries pour véhicules électriques. |
Le 25 novembre, la société canadienne a accueilli à Abou Dhabi des investisseurs stratégiques afin de présenter sa toute première usine commerciale d’anodes pour batteries. Bien que l’usine soit implantée aux Émirats arabes unis, le concentré de graphite extrait du projet Molo, à Madagascar, servira de matière première à la production de matériaux d’anodes intermédiaires, indispensables aux batteries lithium-ion.
Situé près de Fotadrevo, dans le Sud-Ouest de Madagascar, le projet Molo figure parmi les plus grands gisements mondiaux de graphite SuperFlake, reconnu pour sa pureté et sa conductivité, deux critères essentiels pour la fabrication des anodes de batteries. La phase 1 de la mine est déjà opérationnelle, avec des exportations vers l’Allemagne et les États-Unis. Une phase 2 pourrait porter la production à 150 000 tonnes par an, renforçant ainsi la visibilité de Madagascar sur le marché mondial du graphite.
Pour replacer ces données dans leur contexte, la Chine domine actuellement environ 80 % de la production mondiale de graphite et plus de 90 % du graphite transformé destiné aux anodes de batteries (Agence internationale de l’énergie, 2025). Bien que plus modeste en volume, Madagascar se positionne ainsi comme un fournisseur stratégique en dehors de la sphère chinoise.
Malgré certaines difficultés techniques et les contraintes du marché, NextSource poursuit ses ambitions, avec plus de 3 500 tonnes de graphite déjà stockées et destinées à alimenter l’usine d’Abou Dhabi.
Vitrine de l’intégration
L’usine d’Abou Dhabi, dotée d’une capacité de 30 000 tonnes par an, constitue un pilier de la stratégie d’intégration verticale de NextSource. Elle transformera le graphite malgache en matériaux d’anodes intermédiaires destinés à Mitsubishi Chemical Corporation (MCC). Le groupe japonais finalisera ensuite le traitement au Japon, avant de livrer le produit aux fabricants de batteries pour véhicules électriques en Amérique du Nord.
Ce projet établit un lien direct entre Madagascar et les marchés industriels mondiaux, conférant au graphite malgache un rôle stratégique dans la transition énergétique. Grâce à cette chaîne de valeur intégrée — extraction à Madagascar, transformation à Abou Dhabi, puis livraison aux industriels mondiaux — le pays se positionne comme un fournisseur fiable de matières premières stratégiques, capable de rivaliser avec les grands producteurs asiatiques.
Pour les investisseurs et les acteurs industriels, Madagascar n’est plus seulement un site d’extraction: il devient désormais une pièce maîtresse de la stratégie mondiale des batteries électriques.
Irina Tsimijaly
