ALAOTRA-MANGORO - Le grenier du pays vacille

Alaotra-Mangoro connaît en 2025 une nette baisse de rendement rizicole, conséquence d’aléas climatiques et d’infrastructures défaillantes, accentuant le déficit national en riz.

Le ministre de l’Agriculture en visite à Amparafaravola et Ambatondrazaka.

La région d’Alaotra-Mangoro, longtemps considérée comme le principal bassin rizicole de Madagascar, enregistre en 2025 une baisse significative de rendement. Les estimations provisoires indiquent une production de 489 998 tonnes sur 169 487 hectares, soit un rendement moyen de 2,9 t/ha. En 2024, la région atteignait encore 607 001 tonnes sur 188 633 hectares, avec 3,2 t/ha, soit une chute d’environ 19,3 %. Cette situation reflète la tendance nationale : alors que la campagne rizicole 2024 avoisinait 5,25 millions de tonnes, les responsables du ministère reconnaissent que la production de 2025 sera  «clairement en dessous ».

Plusieurs facteurs expliquent ce recul. Le premier est climatique : la saison des pluies, irrégulière et tardive, a profondément perturbé le cycle agricole. Le repiquage, normalement effectué en novembre, n’a pu être lancé que vers janvier, faute de précipitations. Dans plusieurs zones, les récoltes n’ont même débuté qu’en février. Alaotra-Mangoro a été la plus touchée, mais d’autres régions — Marovoay, Sofia, Melaky, Menabe et Sava — ont également subi les effets de cette pluviométrie imprévisible.

S’ajoutent à cela la dégradation des infrastructures hydrauliques et le coût croissant des intrants agricoles. Lors de sa visite à Amparafaravola et Ambatondrazaka, le ministre José Nirina Rasatarimanana a constaté l’état préoccupant de nombreuses digues et barrages, notamment celle d’Ampariatody, censée protéger 3 500 hectares mais dont une grande partie des terres reste inutilisable, ou encore les infrastructures irriguant 3 600 hectares, nécessitant une consolidation durable. Le barrage de Sahamaloto, clé pour 10 000 hectares, n’a pas été rénové depuis 1988.

Des mesures engagées

Face à cette situation, plusieurs actions sont en cours : distribution de semences, d’engrais et de matériels via le programme RizPlus, réorganisation des associations d’usagers de l’eau, promotion de variétés améliorées MK34, Tsemaka, X265 et Madikatra, ainsi que la réintégration du terrain d’Anosiboribory dans le domaine de l’État pour relancer la production de semences. Le ministère encourage également la diversification agricole et une plus grande responsabilisation des communautés.

Mais ces initiatives ne suffisent pas à compenser la chute des rendements. Entre 2024 et 2025, les importations de riz ont bondi de plus de 325 %, passant de 142 600 tonnes à 607 000 tonnes sur les trois premiers trimestres. La FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, estime même que le pays pourrait atteindre  800 000 tonnes d’importations cette année. Une réalité qui confirme la pression grandissante sur la filière : la production nationale, et en particulier celle d’Alaotra-Mangoro, n’arrive plus à couvrir une demande en hausse continue.

Irina Tsimijaly

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