Premier entretien public du président de la Refondation de la République hier à Iavoloha. Nouveau maître, nouveau style, nouvelle approche. Le décor change, les interviewers changent, des spectateurs prennent place. On est sorti du cadre d’une interview où les questions et les réponses étaient connues d’avance et que les questions qui fâchent sont exclues. Oublié l’effluve de l’opulence, l’élégance raffinée de chaque côté, la solennité de l’endroit, la révérence des journalistes, on entame une nouvelle ère. Pour une première, il faut dire que tout n’était pas parfait puisqu’il faut de l’expérience dans ce genre d’entreprise. Mais la bonne intention était là. La pertinence de certaines questions était bien sentie, d’autres en revanche faisaient la maladresse.
L’émission était trop longue et on parlait de tout et de rien. Qui trop embrasse mal étreint qu’au final on ne savait pas quel était le sujet le plus important dégagé par l’entretien.
Il est vrai que beaucoup de sujets taraudent l’opinion, certaines nominations surprennent, des perquisitions ressemblent à des cambriolages, des décisions interloquent...
Mais le Président a avoué qu’on n’arrivera pas à résoudre tous les problèmes avec un coup de baguette magique ni avec un tour de prestidigitation.
Si on peut commencer par donner une silhouette à l’austérité, l’opinion saura apprécier.
Réduire le nombre de voitures d’un cortège officiel, utiliser des véhicules de monsieur tout le monde, réduire le parc de voitures des ministères, revoir à la baisse les avantages et les dépenses des autorités et des élus dont on ne voit guère l’utilité et l’efficacité dans le développement.
Si l’État et ses composantes arrivent à rétrécir son train de vie, le redressement pourrait prendre un autre chemin que la hausse des taxes et impôts. Et si toutes les aides internationales étaient bien gérées, on n’en serait pas là. Une grande partie est détournée et utilisée à d’autres fins.
Une vraie refondation doit considérer ces paramètres. On verra si la Politique Générale de l’État que le Premier ministre va présenter à l’assemblée nationale traduit cette volonté et cette détermination.
Si on reste sur un budget qui étrangle le secteur privé, qui bloque les investissements, qui étouffe la population, qui maltraite l’éducation et la santé, on ne peut pas en espérer grand-chose.
La vraie refondation sera de faire la part belle à l’utile au détriment du futile. Et cela commence par la modestie dans l’apparence, l’humilité dans le comportement, le sens des priorités et de la hiérarchie. C’est élémentaire.
Sylvain Ranjalahy