Confronté à la saturation des marchés européens et aux restrictions sanitaires mondiales, Madagascar cherche un second souffle pour sa filière litchi.
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| Des litchis fraîchement récoltés dans les vergers de Madagascar. |
Après une année 2024 éprouvante, marquée par une chute de 60 % de la production due au changement climatique, Madagascar s’apprête à lancer sa campagne nationale de collecte et d’exportation du litchi, prévue du 15 au 20 novembre 2025.
Cette année, les exportateurs visent environ 15 000 tonnes, avec un prix au producteur estimé à 1 800 ariary/kg, loin des 5 000 ariary/kg enregistrés la saison précédente.
Pourtant, la filière demeure essentielle : près de cinq cent mille familles rurales dépendent de ce fruit tropical, véritable moteur économique dans plusieurs régions côtières.
L’accès aux marchés internationaux reste toutefois semé d’embûches. Les exigences phytosanitaires — notamment la présence de mouches des fruits ou l’interdiction du traitement au soufre aux États-Unis — freinent les exportations.
« Seule l’irradiation pourrait constituer une alternative, mais les infrastructures nécessaires sont coûteuses et complexes à mettre en place », explique Isidore Razanakoto, directeur général du Commerce.
Pour l’heure, seules les exportations aériennes sont autorisées, accompagnées de certificats garantissant l’absence de mouches dans les fruits.
Un secteur réorganisé
La levée du monopole de la société Sodiat et la redistribution de son quota de 10 % parmi les autres membres du Groupement des exportateurs de litchis (GEL) ont permis de rétablir une concurrence plus équitable.
Cette réorganisation interne favorise la compétitivité, la transparence et la résilience du secteur, tout en ayant des retombées positives sur l’emploi local, la logistique et la fiscalité régionale.
Alors que le marché européen est saturé et que des destinations comme Dubaï, la Russie et Mayotte ont atteint leurs limites d’absorption, Madagascar tourne désormais son regard vers les marchés dits «vierges».
Les États-Unis et plusieurs pays asiatiques apparaissent comme des opportunités majeures.
Aux États-Unis, seul un État est pour l’instant en mesure d’accueillir entre 2 000 et 3 000 tonnes, et l’exportation vers l’ensemble des 52 États reste à confirmer.
En Asie, bien que plusieurs pays soient déjà producteurs, Madagascar pourrait se démarquer en valorisant des fruits rouges naturels, exempts de soufre et conformes aux normes locales.
Le marché chinois a déjà été approché, tandis que d’autres destinations asiatiques restent à explorer, malgré des délais de transport maritime pouvant aller de 18 à 30 jours selon la destination.
Irina Tsimijaly
