Accusé du viol de sa fille de 13 ans, un père habitant à Ambohitrimanjaka a été jugé hier par la Cour criminelle ordinaire. Il a été acquitté au bénéfice du doute.
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| Des détenus sont acheminés au Palais de justice à bord d’un fourgon pénitentiaire. |
Détenu provisoirement depuis cinq mois à la maison centrale d’Antanimora, un habitant d’Ambohitrimanjaka, père d’une fille unique âgée de 13 ans, a comparu hier devant la Cour criminelle ordinaire, dans la salle 5 du palais de justice d’Anosy. Il était accusé par sa propre fille de l’avoir agressée sexuellement, des faits qui se seraient produits en 2024, mais révélés en avril 2025.
La présidente de l’audience a prononcé un acquittement au bénéfice du doute et s’est déclarée incompétente pour statuer sur la demande de dommages et intérêts de trois millions d’ariary formulée par la partie civile.La fille et sa mère, plaignantes dans cette affaire, étaient absentes à l’audience. Elles ont été représentées par leur avocate.
Dans le box, le père portait une chemise blanche rentrée dans un pantalon de costume, assorti de chaussures de sport. Il était assisté par deux avocates, dont l’une, voisine de longue date, affirme le connaître depuis l’enfance. Le prétoire, moins fréquenté qu’à l’accoutumée, baignait dans un silence inhabituel.
Incohérences
Avant l’ouverture du procès, deux témoins à décharge- la sœur de l’accusé et une septuagénaire responsable du quartier à Ambohitrimanjaka- ont été priées d’attendre à l’extérieur. La dame âgée se déplaçait à l’aide d’une béquille.
Selon le dossier lu à haute voix par le greffier, l’accusé et son épouse se sont séparés en 2015. Depuis, leur fille vit avec sa mère. En avril 2025, une semaine après une foire organisée à Ambohitrimanjaka, la mère aurait appris par un tiers que sa fille n’était plus vierge. Elle a alors porté plainte contre son ex-mari, que l’adolescente désigne comme responsable.
Dans son témoignage consigné au dossier, la jeune fille affirme avoir été agressée sexuellement par son père lors d’un séjour chez lui. « Il m’a immobilisée d’une main et me menaçait avec un couteau de l’autre pendant qu’il m’agressait. J’ai crié », peut-on lire.
« Je nie catégoriquement ces accusations. Comment pourrais-je, en tant que père, commettre un tel acte envers ma propre fille ? », a déclaré l’homme d’une voix lente, avant qu’une de ses avocates ne s’approche pour lui tendre un mouchoir blanc. Il transpirait visiblement.
Une série de questions posées par la juge, la procureure générale, ses avocates et celle de la partie civile ont eu une réponse claire de la part de l’accusé, à l’exception d’un point concernant le plan de sa maison. Il a affirmé qu’une cour séparait son logement de celui de sa mère. Or, les témoins ont soutenu qu’il s’agissait d’une seule et même maison. Il vit à l’étage avec sa sœur et ses neveux, tandis que leur mère occupe le rez-de-chaussée.
« Je ne quitte jamais la maison, de jour comme de nuit. Si ma nièce avait été agressée chez nous, je l’aurais forcément vue ou entendue. Il n’y a jamais eu de viol », a assuré la sœur.
« J’ai moi-même signé son certificat de bonne conduite avec d’autres responsables du fokontany », a témoigné la septuagénaire.
« Certes, des incohérences subsistent concernant la configuration des lieux, mais cela ne prouve en rien que notre client ait commis un viol. C’est un homme droit, soucieux de l’éducation de sa fille. Il lui prodigue des conseils moraux. Nous sommes désolées de devoir dire que cette enfant mène une vie dissolue. Ses propos pendant l’enquête sont révélateurs (...). Elle a déjà fugué à plusieurs reprises et, selon le certificat médical, elle avait eu des relations sexuelles avant l’expertise, sans que l’on sache avec qui. Sa mère avait menacé notre client de ruiner sa vie après leur séparation. Rien ne permet d’affirmer qu’il y a eu viol », a plaidé la défense.
L’accusé a précisé que la séparation avec son épouse était due aux fréquentations de celle-ci. Depuis, il est resté célibataire. Son ex-compagne a refait sa vie avec un nouveau partenaire.
À l’énoncé du verdict, le père a poussé un profond soupir avant de regagner le banc des accusés.
Haja Léo
