Les discussions sur le coût de l’Internet restent tendues. Gouvernement et opérateurs campent sur leurs positions, sans qu’une solution immédiate ne se profile pour rendre la connexion plus abordable.
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| Les utilisateurs réclament plus de transparence sur le coût réel de l’Internet à Madagascar. |
Refus de l’État. Le gouvernement a réaffirmé qu’il n’accéderait pas aux demandes des opérateurs visant à supprimer certaines taxes et impôts en échange d’une baisse des tarifs. « Les opérateurs ne peuvent pas dicter leurs conditions à l’État », a déclaré O’Gascar Fenosoa Mandrindrarivony, ministre de la Communication et de la Culture, lors d’une émission spéciale diffusée mardi soir sur la chaîne nationale. Quatre membres du gouvernement y ont participé, dans une intervention jugée largement unilatérale. Les opérateurs, regroupés au sein du Groupement des Opérateurs de Télécommunications de Madagascar (GTM), ont fait savoir qu’ils regrettaient de ne pas avoir été conviés, estimant qu’« un débat aurait permis de clarifier plusieurs malentendus ».
Selon le gouvernement, les opérateurs demandent « la suppression du droit d’accise, de la taxe sur les transactions mobiles et de certaines taxes sur les téléphones à bas prix ». Les autorités jugent cette requête inacceptable, rappelant qu’une telle mesure aurait « un impact direct sur les budgets de l’Éducation et de la Santé ». Les opérateurs, eux, dénoncent des taxes trop lourdes pour le secteur. Elles représentent 215 milliards d’ariary et, malgré une réduction de 10 % à 8 %, restent selon eux un frein majeur à la baisse des prix. Le secrétaire général du ministère de l’Économie et des Finances, Iouri Garisse Razafindrakoto, précise que « la loi de finances 2026 est déjà en cours d’adoption et ne permet pas d’intégrer de nouvelles exonérations ».
Compétitivité
Les opérateurs expliquent le coût élevé de l’Internet par plusieurs facteurs :
« des taxes sectorielles parmi les plus élevées d’Afrique », « la hausse des taxes réglementaires (licences, fréquences) », « une conjoncture économique défavorable (inflation, parité euro/ariary, coût de l’énergie) » et « la concurrence déloyale d’un opérateur échappant aux obligations fiscales ». Sur ce dernier point, le gouvernement avait indiqué : « Les discussions se poursuivent, mais si aucun compromis n’est trouvé, nous appliquerons la loi et ouvrirons le secteur à la concurrence », citant l’exemple de Starlink.
Malgré ces divergences, les opérateurs affirment être prêts à baisser leurs tarifs si certaines taxes jugées inefficaces sont supprimées. Selon eux, « cette mesure ne réduirait pas les recettes fiscales et favoriserait l’inclusion digitale ».
Le GTM souligne qu’il « n’a jamais demandé la suppression de 215 milliards d’ariary d’impôts, mais qu’il prévoit de verser 400 milliards d’ariary en 2026 grâce à la dynamique créée par la baisse des prix ».
Certaines informations indiquent toutefois que des services de mobile banking liés aux opérateurs ont enregistré en 2024 un chiffre d’affaires de 460 milliards d’ariary pour un bénéfice net de 110 milliards. Pourtant, ces mêmes entreprises avaient vivement contesté une taxe de 0,5 % sur les transactions, invoquant un risque pour les consommateurs et l’inclusion financière.
Du côté des utilisateurs, la demande essentielle reste la transparence : « Quel est le coût réel du Go ? Quelle part revient aux taxes et quelle part aux opérateurs ? » Madagascar demeure parmi les pays africains où l’accès aux données est le plus cher : 0,32 dollar pour 1 Go, contre 0,02 dollar à Maurice ou en Ouganda. Avec près de 4 millions d’utilisateurs d’Internet mobile, soit seulement 22,3 % de la population, la question de l’accessibilité est cruciale.
Irina Tsimijaly
