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| Le tarika Fitarikandro perpétue depuis 1965 la tradition du Vakisaova. |
Le tarika Fitarikandro a vu le jour en 1965. Avec cinquante-quatre années d’existence officielle, un NIF et un statut dûment reconnus, le groupe s’impose aujourd’hui comme l’une des formations culturelles les plus durables du pays. Sa force réside dans la continuité : la formation en est aujourd’hui à sa quatrième et cinquième génération, preuve d’un héritage soigneusement transmis au fil des décennies.
Fitarikandro se distingue par sa maîtrise du Vakisaova, un rythme traditionnel typique du Haut-Plateau. Les chansons qu’il interprète évoquent essentiellement la vie du peuple et les réalités du pays. Elles portent « des messages d’anatra », des conseils, parfois des avertissements, et s’inscrivent dans une logique de lutte et de prise de conscience. Contrairement aux genres centrés sur les histoires d’amour, le Vakisaova privilégie les sujets sociaux et collectifs, reflétant l’esprit même du « hiram-pitolomana ». Lors des périodes sensibles ou marquées par de fortes tensions nationales, ces chants occupent souvent une place importante dans les médias.
Cet art possède une forte légitimité culturelle : il figure dans les programmes d’enseignement universitaire et reste l’un des symboles les plus représentatifs de la culture du Haut-Plateau. Autrefois, durant la période monarchique, il accompagnait les réunions des hommes chargés de veiller sur les villages et rythmait également la vie des gardiens de troupeaux dans les champs.
Signature
Le Vakisaova repose sur une instrumentation spécifique, composée notamment d’aponga, de dromtraka, de sikada, de djembé, de cloche, de kabosy et du traditionnel tehaka. Ce dernier est indispensable, car il constitue l’une des signatures du style. Bien que fidèles aux instruments ancestraux, les artistes du groupe ont progressivement intégré certains outils plus modernes, témoignant d’une adaptation naturelle à l’évolution matérielle.
Sur le plan vestimentaire, les débutants de cette discipline montaient autrefois sur scène le torse nu, coiffés d’un bandeau rouge et vêtus d’un tissu simple autour de la taille. Cette image originelle, symbole de force et d’authenticité, s’est transformée au fil du temps. Chaque groupe adopte désormais un uniforme propre, une manière d’allier tradition et modernité sans renier l’essence du Vakisaova.
Les prestations de Fitarikandro s’adaptent aux événements, avec des durées variant d’une à deux heures, voire moins, en fonction des demandes. Le groupe anime aussi bien des mariages, des anniversaires que diverses cérémonies.
Pour ses membres, le hira gasy incarne avant tout la fierté d’être malgache. Par les tenues, les gestes, les textes et la manière de se produire, ce genre artistique valorise la culture nationale et renforce les soatoavina malagasy. Depuis plus d’un demi-siècle, Fitarikandro s’efforce ainsi de préserver, promouvoir et transmettre une identité culturelle forte, assumée et ouverte à tous.
Cassie Ramiandrasoa
