La première édition du Festival des Mangroves de Nosy Be a officiellement pris fin samedi après-midi. Il a été axé sur la promotion des mangroves, écosystèmes essentiels pour la biodiversité, la protection du littoral et la subsistance des communautés côtières.
| Ils sont déterminés à repeupler la forêt de mangroves. |
Placé sous le thème « Honko Avoaharo – Magnatsara velotegna », l’événement organisée du 20 au 22 novembre à Nosy Be par Wildlife Conservation Society (WCS) dans le cadre du programme Pêche côtière durable (PCD) phase-II, financé par la KfW/Madagascar national Park, s’est achevée avec succès, tout en mettant en avant l’importance écologique, sociale et culturelle des mangroves. Le projet a aussi obtenu l’appui et du projet Recos financé par l’Agence française de développement et la Commission de l’Océan Indien.Le festival ambitionne de devenir un rendez-vous annuel incontournable, non seulement pour célébrer la mangrove, mais aussi pour impliquer durablement la population dans la protection de cet écosystème fragile.
Les festivités ont débuté officiellement dans le fokontany de Marotony-Ankivonjy, commune de Bemanevika-Ouest , une village de 858 habitants situé au bord de la mer , avec environ deux heures de trajet de Nosy Be. Ce choix n’est pas anodin car la zone est l’un des sites emblématiques de la conservation menée par WCS et un modèle de gestion durable avec les communautés locales.
Les mangroves jouent un rôle essentiel dans la protection du littoral, la stabilisation des sols, la reproduction des espèces marines et la séquestration du carbone. Cependant, la région Diana, dont Nosy Be, fait face à une pression croissante sur les ressources halieutiques, la coupe illégale de palétuvier, l’urbanisation incontrôlée, et les impacts visibles du changement climatique...
Selon les explications de Sophia Rakotoharimalala, manager paysage marin au sein de la WCS, son organisation a initié le processus de création de l’aire marine protégée d’Ankivonjy depuis 2010. Il existe 1 269 hectares de mangroves cogérées avec les communautés locales , dont 272 hectares sont inclus dans le noyau dur.
Elle a aussi ajouté que la gestion durable des mangroves mérite d’être valorisée à travers des événements culturels, mais aussi de conservation. D’où la tenue du festival de mangrove alliant à la fois la partie culture et la partie conservation de cet habitat-clé.
Cet événement est donc la troisième phase de son intervention à Ankivonjy avant la fin du projet en 2026 car beaucoup de gens ne connaissent pas encore la zone. Avant la commune rurale de Bamanevika-ouest est réputée par l’exploitation illicite des bois dont les mangroves , pour ne citer que la déforestation et le défrichement des mangroves.
“Ce n’était pas facile d’atteindre les objectifs ou d’arriver à cette étape , mais nous nous efforçons à conscientiser les communautés locales les communautés puissent s’approprier eux-mêmes les ressources qu’elles ont et que d’ici dix, quinze, vingt ans si WCS ne sera plus là, elles peuvent eux-mêmes gérer leurs ressources. Donc l’initiative est arrivée au moment où on est dans la phase d’opérationnalisation, pendant laquelle les gens s’impliquent pour avoir les retombées, que ce soit économique ou environnemental” a-t-elle expliqué .
Principaux temps forts
Marquée par la présence des autorités régionales venant d’Antsiranana, d’Ambilobe et d’Ambanja ainsi que des partenaires des organisations environnementales et des associations locales , la cérémonie d’ouverture du festival des mangroves a été l’occasion de réaffirmer l’engagement politique en faveur de la protection des mangroves et de rappeler les enjeux écologiques majeurs. Ils ont cohabité avec des 858 habitants de Marotony dans des conditions simples durant deux jours.
Contrairement aux festivals habituels, ce rendez-vous entièrement dédié aux mangroves a su conjuguer culture, tradition et conservation. La première journée a donné une large place aux expressions culturelles du Nord. Les “vahiny” et les communautés se sont retrouvés autour du repas communautaire “Lambadava”.
Pendant toute l’après-midi , les concours de poésie, de dessin et de danse “trotrobe” ont attiré un public nombreux. Il s’agit d’une danse rapide et rythmée, accompagnée de tambours, de percussions locales et parfois de chants. Les compétiteurs ont ravivé les œuvres de la fameuse Volazara. Les performances de cette danse ancestrale profondément ancrée dans la culture du tribut sakalava ont particulièrement enthousiasmé le public. Elle se danse en groupe, avec des mouvements coordonnés des pieds, des sauts légers et des déplacements rapides. Le style du Trotrobe met en valeur l’énergie, la vivacité et la cohésion du groupe. Elle faisait vibrer le village de Marotony. L’occasion a facilement permis à l’animateur Claude Velomanana de passer les messages de conservation et protection de la forêt des mangroves. Les poètes ont également emboité les pas avec leurs œuvres inattendues ...
Reboisement massif
Puis la deuxième journée a été marquée par une opération de restauration des mangroves à à Ambalihabe-Marotony où les participants ont pu planter 8 500 de propagules avant de rejoindre Nosy Be-Hell-ville pour assister à un large panel régional sur “la pêche durable, l’urbanisation et la pression sur les écosystèmes de mangroves”, preuve que la mangrove constitue un enjeu essentiel au développement social et économique de la région Diana. Les échanges ont permis d’identifier les défis actuels et de proposer des pistes concrètes pour concilier développement économique et préservation.
La dernière journée a été consacrée à une campagne de grande envergure de repeuplement d’une forêt de mangrove couvrant une zone de 92 hectares gérée par la communauté locale VOI Mahilaka à Djabala Be dans l’arrondissement de Djamadzar où 8 500 plantules de mangroves, mâles et femelles, ont été mises en terre . Ce geste symbolique marque l’engagement communautaire envers la restauration des espaces dégradés au sein de ce massif écologique majeur.
Les festivités se sont achevées par un carnaval réunissant les associations communautaires “Vondron’olo Ifotony” (VOI), les partenaires techniques et divers acteurs engagés dans la conservation. Cette forte participation démontre que, malgré le fait que WCS concentre une grande partie de ses activités dans l’AMP Ankivonjy, les enjeux liés aux mangroves concernent toute la région Diana.
La première édition du festival mangrove à Nosy Be s’est conclue dans la cour de Hell,devant la préfecture dans une ambiance à la fois solennelle et festive où des activités communautaires et éducatives se sont succédé jusqu’à la fin de l’après-midi pour sensibiliser et agir. La cérémonie officielle a vu la présence des autorités locales conduites par le préfet de police Angelo Tilahizandry.
Les soirées ont été animées par des troupes de danse de Nosy Be , avec encore une mise à l’honneur particulière du Trotrobe, danse emblématique de la région, mêlant énergie, synchronisation et célébration des racines culturelles
Le festival des Mangroves aura marqué les esprits par son ampleur, sa qualité d’organisation et sa capacité à rassembler autour d’une cause essentielle : la sauvegarde d’un patrimoine naturel unique.
Cette première édition jette les bases solides d’un événement durable, porteur d’espoir pour la région Diana et pour les générations futures.
Raheriniaina