FRANCE – MADAGASCAR - Le dossier îles Éparses toujours d’actualité

Une question sur les îles Éparses a été posée au colonel Randrianirina durant son interview par la télévision russe RT. Selon le Chef de l’État, les négociations sur ce dossier, avec la France, continuent « en coulisses ».

Le colonel Michael Randrianirina, Chef de l’État.

Toujours d’actualité. Telle est la situation du dossier des îles Éparses, à entendre la réponse du colonel Michaël Randrianirina, Chef de l’État, durant l’interview qu’il a accordée à la branche francophone de la chaîne d’information russe Russia Today (RT).

Lors de cette interview qui date du 20 novembre et partagée par l’ambassade russe sur sa page Facebook, les relations bilatérales entre Madagascar et la France ont été parmi les sujets soulevés par la journaliste de RT. Sur ce plan, le dossier sur les îles Éparses est une des questions incontournables. 

« C’est un sujet qui tient à cœur au peuple malgache. Pour l’instant, on est en train de négocier en coulisse », déclare alors le président de la Refondation de la République.

À entendre la réponse du locataire d’Iavoloha, il n’y a pas encore de certitude, ni sur l’issue des négociations, ni sur le chronogramme pour connaître l’avancée des négociations. « Vous allez voir ce que ça va donner dans quelques mois ou dans un an, ou je ne sais pas, on verra », ajoute en effet l’homme fort de l’État dans sa réponse. À la relance de la journaliste sur les chances que l’issue des négociations soit en faveur des revendications de Madagascar, il réplique : « souhaitons-le ».

Durant cette interview, le colonel Randrianirina a affirmé la politique diplomatique de Madagascar. Une diplomatie tous azimuts avec comme seule condition une coopération équilibrée et mutuellement bénéfique. Il s’agit d’une ligne diplomatique également mise en avant par ses prédécesseurs. De prime abord, la continuité de l’État pourrait également concerner le calendrier diplomatique de la Grande Île, dont le dossier des îles Éparses.

Les îles Éparses ont été soustraites du territoire malgache par la France, avec un décret qui date du 1er avril 1960, soit juste avant l’indépendance du pays. Madagascar revendique depuis plusieurs années leur restitution. Une première victoire diplomatique a été acquise au niveau de l’Organisation des Nations unies (ONU), avec la résolution de la 34e session de l’Assemblée générale, en 1979.

Question de souveraineté

Dans cette résolution, les Nations unies utilisent explicitement le terme « îles malgaches » pour désigner les îles Éparses. Ainsi, l’ONU « réaffirme la nécessité de respecter scrupuleusement l’unité nationale et l’intégrité territoriale d’un territoire colonial au moment de son accession à l’indépendance [et] invite le gouvernement français à entamer sans plus tarder des négociations avec le gouvernement malgache en vue de la réintégration des îles précitées, qui ont été séparées arbitrairement de Madagascar ».

Les négociations entre Madagascar et la France sur les îles Éparses ont concrètement été engagées durant l’administration Rajoelina, via une commission mixte. Jusqu’ici, il y a eu deux réunions entre la partie malgache et celle française au sein de cette commission mixte. La première manche s’est tenue à Antananarivo, au palais d’Andafiavaratra, le 18 novembre 2019. Un premier round durant lequel les deux parties ont acté « un différend sur la question de la souveraineté ».

Selon le communiqué conjoint de cette première réunion, la partie malgache a souligné que « la restitution de la souveraineté de Madagascar sur ces îles reste une question fondamentale dans la négociation et constitue une question devant être abordée préalablement à l’examen et à l’adoption d’une solution commune de développement ». La deuxième manche de la rencontre des membres de la commission mixte s’est tenue au Quai d’Orsay, siège de la diplomatie française, à Paris, le 30 juin.

Lors de ce 2e round, en plus de la restitution de sa souveraineté, la Grande Île a ajouté « la réparation des préjudices et pertes économiques subies par Madagascar durant les années où elle n’a pu exercer sa souveraineté sur les îles », à ses revendications. La partie malgache a également plaidé pour la mise en place d’un cadre particulier, « afin de préserver l’intérêt de la partie malgache sur ces îles, de manière provisoire ». La garantie de l’accès des pêcheurs malgaches dans les eaux et les terres des îles Éparses, jusqu’à ce qu’un accord définitif soit trouvé, en fait partie.

Lors de cette deuxième réunion de la commission mixte, la partie malgache a inscrit dans les documents de négociation les noms malgaches de ces terres, à savoir Nosy Sambatra (les Glorieuses), Nosy Ampela (Europa), Nosy Kely (Juan de Nova) et Nosy Bedimaky (Bassas da India). À l’issue des discussions à Paris, une 3e manche, qui se tiendra à Madagascar, a été annoncée. Seulement, la date n’a pas été fixée.

Six ans se sont écoulés entre les deux réunions de la commission mixte. Selon les explications, les raisons seraient la crise sanitaire et les changements politiques autant à Madagascar qu’en France, notamment les remaniements et changements de gouvernement. Reste à voir si le changement de pouvoir politique dans la Grande Île aura un impact sur le calendrier de la 3e manche des négociations.

Garry Fabrice Ranaivoson


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