Cette Chronique date du 2 janvier 2002. À l’époque, au 28 décembre 2001, 1 euro coûtait 5857 FMG tandis que 1 dollar s’échangeait contre 6631 FMG et la roupie mauricienne n’était pas plus chère que 218 FMG. Un terrain de 4.000 m2, «plat, titré, borné, sis à Alakamisy-Ambohidratrimo» était mis en vente à 175 millions de FMG. Une Mercedesv w123 240 D de 1981 s’affichait à 20 millions FMG. Les services cellulaires étaient encore au format «23.801.55» (Jirama). Orange était encore Antaris tandis que Telma était «provisoirement» adjugée à Distacom. En ce temps-là, le long-courrier en Air Madagascar, à bord de l’un des deux Boeing 767, allait jusqu’à Singapour via La Réunion. Classique, vfamilier, intime, le Tana-Paris-Tana en était devenu presque un vol domestique. En Boeing 737, Air Madagascar assurait la «navette» Saint-Denis/Antananarivo/Johannesbourg et étendait son rayonnement régional jusqu’à Nairobi. Les Boeing 737 parcouraient également «le réseau intérieur le plus dense du monde» : Toliara, Tolagnaro, Sambava, Nosy-Be, Antsiranana... Les ATR42 atterrissaient à Sainte-Marie, Maroantsetra, Antalaha, Morondava avec des incursions à La Réunion, aux Seychelles, à Dzaoudzi et à Moroni.
Les Twin Otter désenclavaient les «lignes sociales» : Ambatondrazaka, Ambatomainty, Tsiroanomandidy, Ankavandra, Maintirano, Morafenobe, Besalampy, Tambohorano, Soalala, Morombe, Morondava, Manja, Belo, Port-Bergé, Mampikony, Tsaratanàna, Antsohihy, Analalava, Fianarantsoa, Vohémar, Mananara, Vatomandry, Mananjary, Farafangana, Manakara... Voilà un quart de siècle, le premier tour de l’élection présidentielle venait de se tenir le 16 décembre 2001 précédent. Mais, tandis que les résultats officiels se faisaient (trop) attendre, le KMSB (Komity Miaro ny Safidim-Bahoaka) organisa son premier grand meeting sur la «Place du 13 mai», le vendredi 4 janvier 2002.
«Et si le XXème siècle, achevé pour ma part le 6 novembre 1995, avait profité du sursis de nos propres hésitations et des aléas de notre fugacité humaine ? À la différence des éphémérides, qui s’articulent parfaitement, la vie, la vraie, s’écoule à son rythme, à son temps, à ses saccades. Ainsi, si on «sent» l’expiration du XXème siècle malgache (30 septembre 1895 - 6 novembre 1995), par contre, on hésite encore à trancher si quoi que ce soit d’important a inauguré notre réelle entrée dans le siècle du troisième Millénaire.
Nous nous trouvons en transit, dans le sas d’un certain purgatoire. En quelque sorte, pour le meilleur ou pour le pire, cette élection présidentielle, dont nous avions joué le premier acte le 16 décembre 2001, jette un pont vers ces temps nouveaux que nous savons irréversibles quand bien même ils se feraient attendre». «L’époque des voeux, c’est surtout l’heure des promesses aussi belles qu’incertaines et la minute de toutes les incertitudes qui dépassent notre faible savoir. Alors que le Rova d’Ambohimanga rejoint le patrimoine de l’Humanité, on ose à peine espérer que, dans un «foreseeable future», chaque Malgache profite au quotidien du mieux-être élémentaire d’un taux de croissance économique de 6,7%. Empêtrés dans les embouteillages qui paralysent des rues urbaines sans kilomètre supplémentaire depuis les années cinquante d’un siècle révolu, on ose à peine songer qu’un urbanisme courageux, ambitieux et visionnaire nous projette dans le futur pour mieux préserver nos racines : ces «trano gasy», aboutissement de notre syncrétisme architectural qui fait le cachet de la capitale de Madagascar depuis le XIXème siècle ; la plaine rizicole du Betsimitatatra qui valut à la «capitale montagnarde en pays tropical» l’autre surnom de «île au milieu des rizières». «Charnière et transition, plus que carrefour, l’époque que nous vivons ne permet pas les voeux sur la longue durée. Au crépuscule de l’an 2001, et à l’aube de l’an 2002, le siècle que nous n’avons pas encore entamé nous contemple du haut des surprises qu’il nous réserve. Souhaits périssables, certes, meilleurs voeux à consommer de préférence et sans modération avant la date de péremption. Des voeux pour un au-jour-le-jour paisible, des voeux à vue, des voeux à la petite semaine. Des voeux simples pour un bonheur sans histoires :
1.Que le candidat proclamé par les institutions de la République, au terme de cette consultation populaire, soit reconnu par tous comme le Président de la République de Madagascar pour un mandat théorique des cinq prochaines années ;
2. Que l’opposition se structure pour investir les travées parlementaires et actionner les procédures constitutionnelles de la motion de censure contre le gouvernement ou l’empêchement contre le Président de la République ;
3. Que le prochain Président de la République ne verrouille pas la vie politique au risque d’acculer l’opposition démocratique au désespoir de la rue.
Nasolo-Valiavo Andriamihaja
revenir au temps de la grande reine ou au temps de Gallieni ? c'est la question,le choix.
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