Pire ou faste?

Quelle issue à cette crise ? Difficile à vaticiner. Plus les jours passent, plus on sent la situation s’enliser. Alors qu’on s’attendait à une détente après la dissolution du gouvernement du Premier ministre Christian Ntsay, l’annonce d’une ouverture, l’appel à l’apaisement, la réorientation de la gestion des affaires nationales vers les domaines qui touchent directement les problèmes sociaux, on assiste à un durcissement du mouvement. Les rangs des manifestants s’étoffent d’un jour à l’autre avec l’arrivée d’artistes, de sportifs, de travailleurs, de syndicalistes…. On constate ainsi indéniablement une radicalisation du mouvement sans pour autant distinguer un vrai leader du mouvement en dépit de tentatives de quelques personnalités politiques. On se demande ainsi quelle alternative la Gen Z va proposer si le régime Rajoelina part. Pour le moment, elle n’a aucune affiliation politique et aucune proposition d’une organisation de l’État. Autrement dit, on navigue un peu sans boussole. 

De l’autre côté, les partisans du président de la République Andry Rajoelina ont décidé de sortir de leur carcan et passer à la contre-attaque à travers un rassemblement au coliseum d’Antsonjombe. Une manière de montrer que le camp présidentiel reste en position de force et n’entend pas abdiquer aussi facilement. Les deux camps seront ainsi face à face, et une étincelle pourrait suffire à tout embraser. 

En principe, le nom du nouveau Premier ministre devrait être connu ce jour. Il doit être choisi par le président de la République parmi les noms proposés par la majorité parlementaire. C’est donc quasi certain qu’il sera issu du sérail Irmar. Ce qui ne serait pas conforme aux promesses du président de tout changer, de faire la part belle aux jeunes, de faire les choses rapidement. Un oiseau rare en somme, étant donné que l’heureux élu doit également avoir des qualités de rassembleur, de solides expériences politiques, respecter l’équilibre régional et ethnique au sein de l’Exécutif. 

L’enjeu est de taille. De deux choses l’une. Soit les deux parties campent sur leurs positions et on entre dans la logique d’une guerre civile, soit chaque camp fait des concessions à travers un accord politique et fume le calumet de la paix. En résumé, on joue un peu au pire ou faste.

Sylvain Ranjalahy

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