MÉDIATION - Le FFKM entame les consultations

Le FFKM entend conduire les différentes parties  sur la table des négociations.

Du symbole à l’action concrète. Les chefs d’Églises réunis au sein du Conseil des Églises Chrétiennes de Madagascar (FFKM) ont officiellement lancé, hier, une série de consultations destinées à désamorcer la crise politique qui secoue le pays depuis plusieurs semaines. Après les appels au calme, les Raiamandreny ont décidé de s’impliquer directement dans la recherche d’une issue pacifique et durable.

Selon les informations recueillies, les consultations se déroulent dans un lieu tenu secret, pour garantir la sérénité des échanges et la sécurité des participants. Cette confidentialité vise aussi à éviter toute pression extérieure, dans un contexte politique particulièrement tendu. Depuis hier matin, différentes entités et groupes de personnes ont été reçus par les chefs d’Églises.

Les premiers entendus ont été les représentants du mouvement estudiantin, à l’origine des mobilisations connues sous le nom de Gen Z. Les jeunes ont exprimé leurs attentes et leurs frustrations, insistant sur la nécessité de restaurer la confiance entre le pouvoir et la jeunesse. « Nous voulons que notre voix soit entendue sans peur ni répression », a confié un participant sous couvert d’anonymat.

Dans l’après-midi, les consultations se sont poursuivies avec plusieurs acteurs politiques, aussi bien de l’opposition que du camp présidentiel. Tous ont pu exposer leur lecture de la crise et leurs conditions pour un éventuel dialogue national. Le FFKM, prudent, n’a pas souhaité communiquer les identités des personnalités reçues, afin de préserver le caractère neutre de cette phase préliminaire.

Un engagement moral et historique

Ces consultations interviennent après la rencontre de samedi dernier entre les chefs d’Églises et le président Andry Rajoelina au palais d’État d’Iavoloha.

Le lendemain, le FFKM a officiellement annoncé son intention de mener une médiation nationale pour rapprocher les différentes parties prenantes. Dans leur déclaration publique, les représentants des quatre grandes Églises, catholique, luthérienne, réformée et anglicane, ont rappelé leur responsabilité morale « d’accompagner le peuple malgache sur le chemin de la paix et de la réconciliation ».

Le rôle du FFKM dans la résolution des crises politiques à Madagascar n’est plus à démontrer. Depuis 1991, cette institution religieuse s’est imposée comme un acteur incontournable du dialogue national, intervenant à chaque période de tension majeure. Son autorité morale et son image d’arbitre impartial lui confèrent une légitimité unique.

Mais la mission actuelle s’annonce délicate. Les tensions demeurent fortes dans la capitale et en province, et la méfiance entre camps politiques reste profonde. Toutefois, cette première journée de rencontres, marquée par une écoute attentive et un souci d’équilibre, représente une étape décisive vers l’ouverture d’un véritable dialogue national.

Tsilaviny Randriamanga

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