ANTSIRANANA - Les étudiants durcissent le ton

À Antsiranana, les étudiants grévistes ont bloqué l’accès à la ville pour faire entendre leurs revendications. Malgré tensions et fatigue, ils poursuivent leur mobilisation.

Barrage sur la RN6.

L’atmosphère était particulièrement tendue le week-end dernier à Antsiranana, où les étudiants grévistes, toujours mobilisés, ont poursuivi leur mouvement en érigeant un barrage sur la Route nationale 6, au point kilométrique 7 (PK7), à l’entrée de la ville, non loin de la centrale électrique d’Enelec.

Le rassemblement matinal de samedi avait pourtant débuté dans le calme. Encadrés par les forces de l’ordre, les étudiants ont entamé une marche pacifique depuis le carrefour « Y » jusqu’à la gare routière, avant de poursuivre vers le centre-ville.

Après avoir traversé plusieurs quartiers et la gare routière, les manifestants ont atteint le PK7, où ils ont installé un barrage bloquant totalement l’accès à la ville. Pneus et morceaux de bois ont été incendiés afin de renforcer l’obstacle. L’intervention des forces de l’ordre n’a pas permis d’empêcher l’action.

« Nous avons érigé ce barrage pour empêcher l’entrée des véhicules transportant du khat en provenance du district d’Antsiranana II. Lorsque les adultes en consomment, ils ne nous soutiennent pas. Nous avons l’impression de mener ce combat seuls, alors que notre lutte vise l’intérêt collectif », ont expliqué les manifestants.

Après une négociation avec les forces de l’ordre, la marche a repris et s’est achevée sur la place du 13-Mai, face au stade municipal, où quelques discours ont été prononcés. À ce jour, aucune figure politique ne s’est affichée publiquement aux côtés du mouvement «Génération Z». Une absence symbolique, qui souligne l’isolement du mouvement étudiant sur la scène politique locale.

Changement de tactique

Lundi, les manifestants ont modifié leur stratégie. Abandonnant les défilés habituels à travers les quartiers, ils se sont attachés à contrôler les établissements scolaires encore ouverts et à intimider les services administratifs restés en activité.

Des incidents ont éclaté devant certains lycées privés gérés par des congrégations religieuses, situés à la place Kabary. Malgré les portails fermés, des manifestants ont escaladé les murs et fait sortir violemment les élèves en cours. Des faits similaires ont été signalés au lycée Annexe, installé dans l’enceinte de l’EPP Lally Tollendal.

La journée s’est conclue devant le bureau du gouvernorat, où les étudiants ont organisé un sit-in. À cette occasion, des représentants du mouvement ont réitéré leurs revendications : la démission du président Andry Rajoelina, le retour du maire Jean-Luc Djavojozara et la poursuite du mouvement de contestation.

Toutefois, des signes d’essoufflement apparaissent dans les rangs. La fatigue, la lassitude, les effets du soleil et le manque de nourriture se lisent sur les visages : autant de marques d’une mobilisation qui s’affaiblit, sans pour autant abandonner son objectif.

Raheriniaina

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