GOUVERNEMENT - Les secteurs stratégiques privilégiés

Les efforts du nouveau gouvernement seront visiblement focalisés sur les secteurs jugés stratégiques par les tenants du pouvoir actuel. La pression des soixante jours fixés par le Chef de l’État pèsera particulièrement sur ces ministères clés.

Quelques membres du nouveau gouvernement.

Un fait inédit. Habituellement, les nouveaux entrants à une haute fonction étatique bénéficient d’une période de grâce de cent jours. Toutefois, le colonel Michaël Randrianirina, Chef d’État, a imposé un délai ferme de soixante jours aux nouveaux membres du gouvernement pour obtenir des résultats probants.

Au regard des priorités définies par l’homme fort de l’État et du visage de la nouvelle équipe gouvernementale, il est probable que des «secteurs stratégiques et prioritaires» soient privilégiés dans les actions étatiques. Le locataire d’Iavoloha a résumé ces axes prioritaires en trois points. Premièrement, apporter des solutions aux maux qui alourdissent le quotidien de la population. Deuxièmement, l’élaboration d’une stratégie de mise en œuvre de la refondation. Et le troisième point concerne la confection d’une nouvelle Constitution, la refonte des textes électoraux et les aménagements que cela implique.

Dans la catégorie des priorités qui concernent directement les préoccupations quotidiennes de la population, l’énergie, l’approvisionnement en eau potable, la santé, l’éducation et la création d’emplois sont en première ligne. Des points qui ont été soulignés lors du premier Conseil des ministres ayant suivi la présentation du gouvernement. Dans son discours à Iavoloha, mardi, le colonel Randrianirina a également cité la sécurité, la maîtrise des prix des produits de première nécessité ou encore l’effectivité de la politique d’austérité.

La mise à contribution des secteurs porteurs pour renflouer les caisses de l’État figure également dans la liste des priorités. Sont concernés, à s’en tenir à l’allocution du Chef de l’État mardi, le tourisme, l’agriculture et le commerce de la vanille. Certains s’interrogent sur l’absence du secteur minier dans la liste. La mise en place d’un climat des affaires attractif et la promotion de l’entrepreneuriat ont aussi été évoquées, de même que «la poursuite de ceux qui ont pillé le pays et le rapatriement des avoirs et biens mal acquis».

Deadline

Les chefs de l’Exécutif ont vraisemblablement joué un numéro d’équilibriste dans la composition du gouvernement. Bien que le renouveau soit martelé dans les discours, les paramètres politiques se sont visiblement avérés incontournables dans la sélection de la nouvelle équipe gouvernementale. Toutefois, la majorité des départements concernés par les priorités définies préalablement ont été attribués à des techniciens. La majorité d’entre eux sont peu connus ou quasi inconnus de la scène publique.

Néanmoins, à peine présentées, des ministres sont contestées ou suscitent des questionnements. C’est le cas du choix de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, qui ne conviendrait pas à certains membres du syndicat des enseignants. La nouvelle ministre de la Santé publique pourrait aussi marcher sur des œufs pour gérer les dossiers brûlants de son département et les humeurs des acteurs de ce secteur. Des personnalités politiques sont aussi affectées à des postes stratégiques. Le cas du ministère du Tourisme intrigue notamment.

Afin de démontrer qu’ils ne sont pas juste là pour remplir un quota politique, les politiciens devenus ministres se sont lancés des défis. La nouvelle ministre de la Justice, par exemple, affirme qu’elle compte rapatrier «des fonds détournés identifiés», qui seraient d’un montant de «5 milliards de dollars», selon elle. De son côté, la ministre des Affaires étrangères se fixe comme objectif de convaincre l’Union Africaine (UA) de lever la sanction contre Madagascar, même si les relations internationales ne sont pas dans la liste des domaines prioritaires.

Bien que les critères d’évaluation de l’équipe de Herintsalama Rajaonarivelo, Premier ministre, n’aient pas été précisés, il ne devrait pas être difficile d’évaluer la performance des ministres à la tête des départements concernés par les secteurs prioritaires. D’autant plus que l’opinion publique pourrait être à l’affût de la moindre incartade. Apporter une solution aux coupures de courant, améliorer l’approvisionnement en eau ou encore limiter l’inflation et dénouer les blocages engendrés par les revendications sociales sont des exemples de baromètres, du moins pour le grand public.

Pour les autres départements, difficile de ne pas classer le choix de certaines personnalités politiques à la tête de certains ministères dans la catégorie des choix purement politiques. De prime abord, la mise à l’épreuve des soixante jours impartis par le Chef de l’État s’impose surtout aux ministères «stratégiques». Selon le colonel Randrianirina, ceux qui n’auront pas produit de résultats probants dans ce délai pourraient être remplacés. Ce deadline concerne-t-il aussi les figures politiques ?

Garry Fabrice Ranaivoson

2 Commentaires

  1. Dans un pays où tous les secteurs sont en priorité,
    il est peu aisé de naviguer sur vitesse et direction.
    Dès lors, tout discours devient performatif; et bien des mots,déclaratifs.

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  2. Comment vont "procéder" C nouveaux ministres avec des caisses VIDES ?
    Les partenaires habituels ont l’habitude d’êtres cocufiés par les politiques malgaches depuis l’indépendance du pays !
    Quel tour de passe passe vont-ils trouver pour, une fois encore la "faire à l’envers" ?
    Veloma

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