La fin de l’Agoa fragilise la compétitivité du textile malgache face à la hausse des droits de douane américains. Sans perspective claire de reconduction, le secteur lutte pour maintenir l’emploi et diversifier ses marchés.
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Une ouvrière du textile en plein travail. |
L’expiration de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa) et la hausse des droits de douane américains mettent à rude épreuve le secteur textile malgache. Pilier de l’économie nationale, ce dernier doit désormais composer avec une perte de compétitivité majeure sur son marché d’exportation principal.
Depuis le 30 septembre 2025, Madagascar n’a plus accès aux préférences tarifaires accordées par l’Agoa. À cette échéance s’ajoute la décision de l’administration américaine, effective depuis avril 2025, d’imposer des taxes supplémentaires de 10 % à 30 % sur de nombreux produits africains. Madagascar supporte une facture lourde : un tarif spécifique de 15 % vient s’ajouter au tarif de la nation la plus favorisée de 10 %, ce qui porte le total à 25 %. En comparaison, le Kenya supporte un tarif combiné de 20 %. Cette différence accentue la fragilité de l’industrie textile malgache, fortement dépendante du marché américain.
Aucun licenciement n’est envisagé pour l’heure. « Il s’agit surtout de s’adapter à la situation. Rien n’a été décidé concernant d’éventuelles réductions d’effectifs », confie une source proche du secteur. Mais les impacts sur la production et les exportations sont jugés inévitables, avec une menace directe sur les 150 000 emplois directs et 400 000 emplois indirects soutenus jusque-là par l’Agoa.
Avenir encore incertain
Si l’Agoa a pris fin, son avenir n’est pas complètement scellé. Dans un communiqué conjoint, le gouvernement et le Groupement des entreprises franches et partenaires (GEFP) rappellent que, malgré le soutien affirmé de l’Exécutif et de plusieurs législateurs américains en faveur d’une reconduction à court terme, aucune résolution n’a pu être adoptée avant son expiration, survenue le 30 septembre à minuit. La raison : le shutdown causé par l’absence d’accord budgétaire au Congrès, qui a bloqué l’ensemble du processus.
Depuis le 1er octobre, les importations en provenance des pays bénéficiaires sont soumises aux droits de douane normaux prévus par le Code américain. Toutefois, une possibilité d’extension rétroactive demeure envisageable une fois le blocage budgétaire levé. Les opérateurs malgaches, entre patience et vigilance, attendent donc une clarification rapide de la part de Washington.
En attendant, les entreprises locales misent sur la diversification des marchés et sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour amortir le choc. Mais le constat reste sans appel : fragilisé par l’incertitude autour de l’Agoa et la hausse des tarifs douaniers, le textile malgache doit accélérer sa transformation s’il veut préserver son rôle stratégique dans l’économie nationale.
Irina Tsimijaly