En une seule journée, Madagascar a connu une motion d’empêchement du chef de l’État, une dissolution de l’Assemblée nationale et une prise de pouvoir de l’armée.
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Un seul député a voté blanc sur les 132 présents. |
Une journée de tous les rebondissements. Hier, les institutions de la République ont été secouées par une succession d’événements sans précédent. Entre la motion d’empêchement initiée à l’Assemblée nationale, la dissolution de cette dernière par le président Andry Rajoelina et la prise de pouvoir inattendue de l’armée, le pays a vécu l’une des journées les plus mouvementées de son histoire politique récente.
Dès les premières heures de la matinée, une centaine de députés se sont retrouvés à Tsimbazaza pour lancer une session extraordinaire. L’objectif était d’examiner une motion d’empêchement contre le président Andry Rajoelina. Les discussions, menées à huis clos, ont duré plusieurs heures. Pendant que les élus s’attelaient à recueillir les signatures nécessaires, la présidence de la République publiait, en milieu de journée, un décret de dissolution de l’Assemblée nationale, rendu public sur sa page Facebook officielle. Débutait ainsi une guerre de communiqués.
Ce décret, pris en application de l’article 60 de la Constitution, a eu l’effet d’une bombe. Mais loin de se disperser, les députés ont choisi de poursuivre la procédure.
Ambiance électrique
« Nous agissons conformément à la loi », a soutenu Siteny Randrianasoloniaiko, vice-président de l’Assemblée nationale et député de Toliara I, qui a pris la présidence des débats en l’absence du président de la Chambre basse, Justin Tokely.
L’ambiance était électrique lorsque des députés de la majorité ont été vus dans l’enceinte de l’hémicycle. Les sièges, clairsemés au début, commençaient à se remplir. Des votes par procuration d’élus absents ont également été annoncés. À 15 heures, les parlementaires ont décidé de procéder au vote. Le résultat a été sans appel : 130 voix sur 131 en faveur de la motion d’empêchement d’Andry Rajoelina.
Des applaudissements ont éclaté, des cris de victoire ont résonné sous la coupole de Tsimbazaza. Les élus ont aussitôt annoncé leur intention de saisir la Haute Cour constitutionnelle (HCC) pour validation de la procédure.
Tsilaviny Randriamanga