Face à la vulnérabilité croissante du secteur agricole, les acteurs privés et associatifs plaident pour une réforme profonde et concertée.
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| Le Président discute de l’avenir de l’agriculture avec le GEM et le FIVMPAMA. |
Samedi dernier, le président de la République a reçu les représentants du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM) et du FIVMPAMA pour une réunion axée sur le secteur privé, au cours de laquelle ils ont également discuté de l’avenir de l’agriculture. Les acteurs du secteur ont alerté sur la situation critique des filières agricoles, soulignant que les producteurs sont de plus en plus exposés à la flambée des coûts et aux difficultés logistiques.
« L’agriculture reste le principal filet de sécurité pour des millions de ménages », rappelle Francis Rabarijohn. Pourtant, malgré son rôle vital, le secteur peine à se moderniser. À Madagascar, la majorité des agriculteurs utilisent encore des outils manuels, et la qualité des récoltes est freinée par des routes en mauvais état et un accès limité aux marchés. Des décennies de politiques agricoles fragmentées ont laissé les exploitants vulnérables, sans soutien structurel durable.
Aujourd’hui, des infrastructures de production, comme les 340 établissements semenciers agréés, jouent un grand rôle dans la production de semences certifiées. Le Service Officiel de Contrôle et de Certification (SOC) assure la traçabilité de ces semences grâce à une cartographie interactive, garantissant un suivi précis des producteurs et de leurs stocks.
En matière de mécanisation agricole, le pays ne dispose actuellement que d’un Centre de Fabrication, de Formation et d’Application du Machinisme et de la Mécanisation Agricole, dont le potentiel reste encore limité.
Le poids de l’agriculture à Madagascar demeure considérable : près de 80 % de la population vit directement de cette activité.
Relance durable
Face à ces défis, le GEM et le FIVMPAMA plaident pour une réforme ambitieuse de la politique agricole nationale. Au cœur des priorités figurent la mécanisation des exploitations, la distribution de semences améliorées, et le soutien aux coopératives paysannes. La valorisation des produits d’exportation — vanille, girofle, cacao, litchi — ainsi que la transformation locale sont également au centre de leurs propositions.
« Relancer l’agriculture ne se limite pas à augmenter la production, il faut la penser dans une vision globale qui intègre industrie et exportation », souligne un représentant du GEM. L’objectif est de bâtir une économie rurale plus résiliente et inclusive, capable de soutenir la population et d’assurer la sécurité alimentaire.
Le FIVMPAMA précise que ses recommandations seront officialisées après la formation du nouveau gouvernement, afin de ne pas compromettre les programmes en cours. Dans un pays où l’agriculture reste la colonne vertébrale de l’économie, la concertation autour de sa relance devient plus qu’une nécessité : elle est le cap stratégique pour garantir la stabilité sociale et économique de Madagascar.
Irina Tsimijaly
