Samedi, à Andrefan’Ambohijanahary et à Ambohidahy, un soldat et un civil ont perdu la vie alors que les forces de l’ordre se retiraient des barrages qu’elles tenaient depuis plusieurs jours.
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Stephano Fanomezantsoa salué une dernière fois par ses frères d’armes, hier au Capsat. |
Anosy et ses environs ont connu, samedi, une journée marquée par de fortes tensions et des affrontements. Ce jour a également signé la fin d’un maintien de l’ordre particulièrement tendu. Le soldat de deuxième classe Stephano Fanomezantsoa, engagé aux côtés des manifestants, a été mortellement touché par balle lors d’un échange avec les gendarmes. Un civil, père de famille résidant à Ankadifotsy, a également été tué par balle au cours de la même journée.
Ces incidents se sont produits dans les dernières minutes précédant le retrait des gendarmes et des policiers vers leurs casernes, en fin d’après-midi.
Un hommage solennel a été rendu au militaire au camp du Corps d'administration des personnels et des services de l'armée de terre (Capsat) à Soanierana, avant le transfert de sa dépouille sur le parvis d’Analakely, où une foule nombreuse est venue saluer sa mémoire. Il a ensuite été conduit à Mahanoro pour y être inhumé.
Plus tôt dans la matinée, le colonel Michael Randrianirina avait appelé les militaires à regagner leurs camps et à renoncer à toute participation à la répression des manifestations. Malgré cet appel, la tension à Anosy est restée particulièrement élevée, marquée par de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.
L’officier supérieur des Bérets verts avait exhorté les gendarmes et les policiers à suivre leur exemple en se retirant du dispositif. Ces derniers ont toutefois maintenu leurs positions, conservant les barrages et procédant à des dispersions à l’aide de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.
Tirs en rafale
Les manifestants, nombreux, ont occupé plusieurs axes stratégiques, notamment Antanimbarinandriana, Anosy et Ambohidahy, ainsi que les zones d’Ampatsakana jusqu’au rond-point des Anciens Combattants et celui situé à proximité du Sénat.
En fin d’après-midi, les forces de l’ordre se sont repliées après avoir appris le déplacement des militaires du Capsat vers Analakely. Lors de leur passage devant le Toby Ratsimandrava, des tirs en rafale ont éclaté après le lancement d’une bombe lacrymogène par les gendarmes. C’est au cours de cet échange que le jeune soldat a été atteint mortellement.
Par ailleurs, un véhicule 4x4 transportant un gendarme blessé aurait continué sa route vers le centre-ville, lançant des bombes lacrymogènes et tirant en direction des attroupements. Un civil, se trouvant près du tunnel d’Ambohidahy, a été mortellement touché.
Simultanément, les gendarmes ont quitté la place du 13 Mai, qu’ils occupaient depuis plusieurs jours. Outre les deux victimes décédées, plusieurs blessés ont été recensés. Certains ont été pris en charge par des médecins privés et par la Croix-Rouge, d’autres ont été transférés à l’hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona (HJRA).
Gustave Mparany