ANTSIRANANA - Les manifestants savourent leur victoire

La foule en liesse en écoutant l’annonce de l’empêchement du président Andry Rajoelina.

Les manifestants ne s’attendaient guère à un tel dénouement de leur lutte. Alors qu’ils s’apprêtaient à tenir, comme chaque jour, un nouveau rassemblement de revendication sur la Place du 13 Mai, la nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre. La Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a confié la conduite des affaires de l’État aux militaires du Capsat, tandis que l’Assemblée nationale adoptait la motion d’empêchement mettant fin au mandat du président Andry Rajoelina.

Sur la place, les banderoles et pancartes brandies par les étudiants n’avaient pas encore changé. Elles exigeaient toujours le départ du chef de l’État et dénonçaient les propos tenus par celui-ci durant sa dernière intervention médiatisée et diffusée via les réseaux sociaux.

Mais très vite, les discussions ont pris une tout autre tournure. L’étonnement a laissé place à une atmosphère de ferveur et de libération. Une explosion de joie a envahi ce lieu historique ainsi que les rues environnantes, tout au long de l’après-midi et jusque tard dans la soirée.

Dans plusieurs quartiers, des scènes de réjouissance se sont déroulées dans le calme, sous la surveillance prudente des forces de l’ordre. Ces dernières ont été déployées pour prévenir tout débordement, mais aucune tension majeure n’a été signalée jusqu’à tard dans la nuit.

Euphorie

Pour les étudiants manifestants, la fête s’est prolongée jusqu’au petit matin au campus. Ils ont chanté, dansé et célébré ensemble ce qu’ils considèrent comme une victoire populaire, convaincus d’avoir enfin tourné une page douloureuse de l’histoire nationale. L’ambiance était électrique, mêlant cris de joie, chants patriotiques et éclats de rire. Certains laissaient éclater leur euphorie autour de quelques bières, symbole d’un moment de liberté retrouvée.

Pour la population, l’événement marque un tournant décisif dans la vie politique du pays. Si certains craignent une période d’incertitude, d’autres espèrent que ce basculement ouvrira la voie à une nouvelle ère de stabilité et de renouveau démocratique.

Elles espèrent aussi que cet empêchement, conséquence d’une longue crise institutionnelle, mette fin aux dernières semaines de tensions politiques et de contestations populaires dans le pays.

« Nous avons souffert durant ces trois semaines. Aujourd’hui, c’est un nouveau départ pour le pays. C’est la liberté qui parle », témoigne un commerçant du centre-ville, encore ému par les nouvelles.

Derrière la liesse, certains observateurs appellent toutefois à la prudence.

La phase de transition qui s’ouvre s’annonce délicate. Le défi sera de restaurer la confiance entre les institutions, d’éviter les règlements de comptes politiques et de poser les bases d’une véritable alternance démocratique.

Raheriniaina

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