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Plusieurs personnes ont dû rentrer à pied, hier. |
Hier, bien avant la manifestation pour revendications, la capitale s’est transformée en un véritable parcours d’obstacles pour les habitants. Dès l’aube, le centre-ville était bouclé. Ambohijatovo, Antaninarenina, Analakely, c’était impossible d’y accéder, que ce soit en voiture, en moto ou même en transport en commun. Les usagers ont dû rebrousser chemin, emprunter des ruelles ou poursuivre leur trajet à pied.
À Antsahabe, les barrages policiers dressés au rond-point Mascotte et à celui menant vers Ambanidia forçaient les automobilistes à faire demi-tour. À Ambohidahy, les gendarmes invitaient les conducteurs à repartir vers Antsahamanitra.
Les blocages ne se limitaient pas au centre-ville. Les périphéries et les routes nationales, notamment la RN1 et la RN2, ont été fortement touchées, plongeant les usagers dans de longues attentes ou contraints de chercher des détours.
À Anosizato, l’axe principal est resté fermé plusieurs heures. « On est restés coincés sans savoir quand ça allait rouvrir », raconte un chauffeur de taxi-be, visiblement épuisé.
Calvaire
La circulation n’a repris qu’aux alentours de 19 heures. Pour rejoindre la RN2, de nombreux voyageurs ont dû emprunter la rocade. « J’avais des enfants avec moi, on a fait un grand détour pour rentrer, ça nous a pris presque le double du temps de trajet », témoigne Anjara, une mère de famille.
Au-delà du centre-ville, certains habitants ont vécu des scènes impressionnantes. Vers 15 heures, une nourrice de retour d’Alasora raconte son calvaire : « La route était en flammes depuis le rond-point d’Ambohimahitsy. Les artères étaient bloquées dans les deux sens. J’habite à Ambatobe, j’ai dû continuer à pied jusque chez moi. »
À Ankorondrano, près de la pharmacie Ivandry et devant l’hôtel Ibis, des manifestants ont érigé des barrages et incendié des pneus, bloquant davantage les axes.
Les transports en commun ont été perturbés. Les taxis-be de la ligne 119 n’ont effectué qu’un seul voyage avant de regagner le dépôt, laissant de nombreux passagers sur le carreau. Ceux qui n’avaient pas de véhicule personnel ont dû improviser : du taxi-moto pour les plus pressés, marche forcée pour les autres.
Dans les rues, les scènes se répétaient, des groupes de piétons avançant pour rentrer chez eux.
Plus qu’une simple perturbation, cette journée a bouleversé les habitudes des habitants. Derrière les barrages, des travailleurs n’ont pas pu rejoindre leur poste, des commerçants ont été privés de clients, et des familles ont dû marcher plusieurs kilomètres pour rentrer chez elles. Certains véhicules ont dû emprunter des voies rares, comme l’axe Analamahitsy.
Hier, le centre-ville quadrillé, les routes barrées et les flammes sur les grands axes ont marqué le quotidien des Tananariviens.
Mialisoa Ida