Le FFKM célèbre cette année son 45e anniversaire. Une occasion de revenir sur sa mission initiale et d’interroger l’influence qu’il exerce encore aujourd’hui dans la vie nationale.
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La cérémonie qui marquera le 45ᵉ anniversaire du FFKM est prévue en octobre. |
La Confédération des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) marquera, en octobre, le 45e anniversaire de sa création. Fondée en 1980 dans un contexte politique tendu, cette organisation interconfessionnelle s’est donnée pour vocation de jouer un rôle de médiation et d’apaisement. Depuis, son histoire s’est souvent confondue avec les grands événements politiques du pays.
En 1991, le FFKM a été au premier plan lors de la crise qui a conduit à une transition politique majeure. Il est également intervenu en 2002, au plus fort du conflit électoral opposant Marc Ravalomanana et Didier Ratsiraka, puis en 2009, dans une nouvelle période de crise institutionnelle. À chaque fois, l’organisation a tenté de favoriser le dialogue, tout en suscitant des débats sur la place qu’elle occupait dans l’arène politique.
Quarante-cinq ans après sa fondation, l’heure est donc au bilan. Le pasteur Roger Randriamisata, l’un des artisans de la création du FFKM, évoque un héritage contrasté.
D’un côté, certains lui reprochent d’avoir franchi la frontière entre religieux et politique, alimentant incompréhensions et critiques. De l’autre, une partie de la population continue de voir en elle une voix attendue, surtout lors des grandes crises.
« La population attend les prises de position et les déclarations du FFKM lorsqu’un problème paraît insoluble », souligne-t-il.
Un rôle à redéfinir
Les historiens adoptent un regard aussi nuancé. Pour le Dr Denis Alexandre Lahiniriko, enseignant-chercheur au département d’Histoire de l’université d’Antananarivo, le FFKM incarnait au départ une autorité morale, à travers la fonction de Raiamandreny, garante de l’apaisement social. Mais en s’affirmant progressivement comme acteur de la société civile, il a parfois contribué à cristalliser les mécontentements populaires et à accentuer les tensions politiques.
Aujourd’hui, le FFKM conserve un poids réel, mais surtout symbolique. Ses divisions internes et l’émergence d’associations et de mouvements citoyens plus dynamiques tendent à réduire son influence politique, désormais en décalage avec son assise spirituelle et le nombre de fidèles qu’il représente.
La célébration de son 45e anniversaire apparaît ainsi comme un moment de vérité : celui où le FFKM devra préciser sa place dans une société en quête de stabilité et de nouveaux repères en matière de leadership moral.
Tsilaviny Randriamanga