BUDGET - L’aide étrangère assure l’essentiel

D’ici 2027, Madagascar financera la majeure partie de ses besoins par des prêts étrangers. Ces financements apportent un soutien mais imposent des réformes contraignantes.

Les institutions multilatérales jouent un rôle clé dans le financement du pays, y compris la réhabilitation des routes. 

À l’horizon 2027, Madagascar prévoit de mobiliser plus de 22 000 milliards d’ariary pour financer ses besoins budgétaires. Selon la Stratégie de la dette à moyen terme 2025–2027, publiée par le Trésor public, 68,6 % de ce financement proviendront de l’extérieur. Cela montre que la majeure partie des prêts venant de l’étranger provient des institutions multilatérales, qui jouent un rôle clé dans le financement du pays.  En 2023, la dette publique malgache s’élevait à 8,5 milliards de dollars, dont 64,2 % détenue à l’extérieur. Parmi ces créanciers, les institutions multilatérales occupent une place prépondérante. La Banque mondiale, le FMI et la Banque africaine de développement financent ensemble plus de la moitié de la dette extérieure. Ces prêts sont avantageux, mais exigent souvent des réformes structurelles, notamment sur la gouvernance, la discipline budgétaire et la gestion des finances publiques. 

« La domination des créanciers multilatéraux est une double opportunité et un défi pour Madagascar. D’un côté, ces prêts concessionnels allègent la pression financière immédiate. De l’autre, ils limitent la marge de manœuvre politique du pays et conditionnent certaines décisions stratégiques », explique un expert en économie malgache. 

Part modeste

Les créanciers bilatéraux représentent une part plus modeste, mais stratégique, de la dette. La Chine privilégie les projets d’infrastructures majeurs, le Japon soutient des projets techniques et sociaux, tandis que la France concentre ses financements sur le développement durable et l’appui institutionnel. Le rôle des États-Unis a fortement diminué depuis la dissolution de l’USAID en juillet 2025. Cette agence, qui soutenait auparavant la santé, l’éducation et l’agriculture, a été fermée, et ses activités ont été majoritairement transférées au Département d’État. Aujourd’hui, les financements américains se limitent à des aides humanitaires ponctuelles, comme l’aide alimentaire ou médicale, et ne contribuent plus directement au financement de la dette ou des projets de développement à long terme. 

Le risque de surendettement reste modéré, selon l’Analyse de viabilité de la dette. Le gouvernement a fixé un plafond d’emprunts extérieurs à 15 656,5 milliards d’ariary pour 2025 afin de garantir la soutenabilité. La priorité est donnée aux emprunts concessionnels, moins coûteux et à taux fixe, tandis que les prêts semi-concessionnels et commerciaux peuvent être utilisés de façon limitée pour des projets prioritaires. « Madagascar navigue entre opportunité et dépendance. Les prêts multilatéraux sont un atout pour la stabilité financière, mais chaque euro emprunté est aussi un engagement à réformer et à respecter des conditions parfois contraignantes », souligne un analyste économique. 

Dans deux ans, près de 80 % de la dette extérieure sera concessionnelle, plaçant Madagascar parmi les pays africains les mieux classés en matière de gestion de la dette. Le pays doit donc jongler entre profiter des financements étrangers et limiter sa dépendance, tout en assurant le contrôle de sa dette.

Irina Tsimijaly

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