Après une détention d’un an et trois mois à la maison de force de Tsiafahy, un chauffeur de taxi, accusé du viol de sa propre fille, a été acquitté au bénéfice du doute.
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Les fourgons pénitentiaires de Tsiafahy et d’Antanimora. |
Jeudi, la Cour criminelle ordinaire a statué sur une affaire impliquant un chauffeur de taxi accusé de viols répétés sur sa fille cadette, âgée de 17 ans. Lui, père de deux enfants, a été acquitté au bénéfice du doute. Le tribunal s’est déclaré incompétent pour se prononcer sur la demande de dommages et intérêts.
Jusqu’au jour du procès, le taximan était incarcéré à la prison de haute sécurité de Tsiafahy. Les faits les plus graves auraient eu lieu le samedi 16 mars 2024, à Antanetibe Ambohibao.
La victime présumée et sa mère, toutes deux parties civiles, étaient absentes à l’audience. Leur récit, lu par le greffier puis repris par la présidente, évoque des détails dignes d’un mauvais film. Toutefois, des zones d’ombre ont poussé la Cour à formuler des réserves, justifiant donc sa décision.
Selon les éléments du dossier, la jeune fille, scolarisée en classe de première, suivait des cours particuliers. Ce samedi-là, elle affirme avoir été interceptée par son père, forcée à monter dans son taxi, une Peugeot 205, et placée entre lui et sa compagne. Elle aurait alors subi une agression sexuelle, et mentionne d'autres viols antérieurs. La compagne du père l’aurait menacée avec un couteau.
Après cet acte, le père serait allé lui acheter de la nourriture. De retour, il l’aurait obligée à manger un repas contenant une mystérieuse poudre blanche versée par sa compagne. Ensuite, il l’aurait conduite dans une maison inhabitée, dont elle dit ne pas se souvenir, où elle aurait été à nouveau violée. Avant de partir, le père lui aurait déclaré : « Nous ferons encore un bal ce soir ».
Le père a nié
Toujours selon son récit, un inconnu l’aurait secourue en la sortant de la maison. Cet homme aurait suivi le taxi dès le stationnement et aurait été témoin des violences.
« Ma fille est traumatisée. Elle tremble chaque fois qu’elle aperçoit un véhicule semblable à celui de son père », affirme la mère. Elle raconte avoir emmené sa fille à une séance de délivrance religieuse, au cours de laquelle des perles et un bracelet seraient sortis de son intimité, suggérant des pratiques de sorcellerie imputées à la compagne de l’accusé.
Interrogé, le père a nié les accusations : « Sa mère et moi sommes séparés depuis 2017. Elle est en couple avec un autre homme. En 2019, j’ai rencontré une femme originaire de Moramanga avec qui je suis en relation. Malgré cela, j’ai toujours soutenu ma famille financièrement. Nous échangeons encore lorsque nous nous croisons. Je n’ai jamais eu de conflit majeur. Je sais seulement que ma fille fréquente trois jeunes hommes ».
Le certificat médical, faisant état d’une « déchirure incomplète », a nourri les doutes de la Cour. L’avocate commise d’office a souligné : « S’il s’agissait de viols répétés, le certificat ne devrait pas mentionner une déchirure partielle. Et qui peut dire si cette fille a eu des rapports avec ses compagnons ? ».
Malgré les arguments de la procureure générale évoquant une problématique récurrente, « Ce n’est pas la première fois qu’un père est accusé de viol sur sa fille », les jurés ont estimé que le doute demeurait, surtout sur les motivations réelles et les circonstances précises de cette affaire.
Haja Léo