Une jeune femme de 17 ans, habitant à Ambalavao, dans la commune rurale d’Atsimondrano, est tombée enceinte à l’âge de 15 ans, peu après avoir quitté l’école. Elle raconte son expérience, révélatrice d’un manque criant d’éducation sexuelle : « Je ne savais même pas qu’on avait le droit de dire non, ni qu’on pouvait aller au centre de santé pour se faire conseiller. Chez nous, on ne parle pas de ça. On pense que c’est normal qu’une fille devienne mère tôt, surtout si elle a un copain. Je croyais que c’était comme ça pour tout le monde. »
Son témoignage met en lumière l’ignorance persistante autour des droits procréatifs chez les jeunes, en particulier en milieu rural. Les grossesses précoces, souvent non désirées, sont encore fréquentes à Madagascar. Elles sont généralement liées à des situations de précarité, à des inégalités de genre, à l’absence de soutien familial ou encore à la banalisation des rapports sexuels non consentis.
« Personne ne nous explique nos droits. On apprend tout sur le tas, souvent trop tard », confie la jeune fille. Aujourd’hui, elle élève seule son enfant. Malgré les difficultés, elle se livre : « Si j’avais su, ma vie aurait peut-être pris un autre chemin. »
La réalité qu’elle décrit rejoint les chiffres alarmants présentés hier par la ministre de la Population et des Solidarités, Aurélie Razafinjato, lors de la cérémonie de lancement du Rapport sur l’état de la population mondiale 2025, qui s’est tenue dans la salle d’Apparat de la Commune urbaine d’Antananarivo. Selon ce rapport, 31 % des jeunes filles malgaches sont concernées par une procréation précoce.
Face à cette situation préoccupante, plusieurs leviers d’action sont mis en œuvre. Il s’agit notamment de l’application de la politique nationale d’égalité entre les femmes et les hommes, de la sensibilisation accrue à la planification familiale, de la lutte contre les violences basées sur le genre, ainsi que du renforcement de l’éducation à la santé sexuelle et reproductive. Des efforts sont également déployés pour favoriser l’autonomisation économique des femmes, considérée comme une clé pour retarder les maternités précoces et améliorer la qualité de vie des jeunes mères.
Mialisoa Ida