NOUVEAU STATUT DE LA JIRAMA - Le personnel amorce un mouvement de contestation

Face à la transformation de la Jirama en société anonyme à but commercial, les employés tirent la sonnette d’alarme, en dénonçant un projet de privatisation déguisée.

Des employés de la Jirama rassemblés à Mandroseza, exprimant leur refus du nouveau statut de l’entreprise.

Hier, à Mandroseza, les employés de la Jirama, réunis autour de leur collectif syndical, ont exprimé leur opposition au nouveau statut de l’entreprise, désormais régie par la loi 2014-014, qui en fait une société anonyme à caractère commercial. Pour eux, cette évolution menace directement la mission de service public dévolue à la société.

« Ce n’est pas un texte pour servir le peuple. Le nouveau statut introduit une logique de profit, là où la Jirama devait produire, transporter et distribuer l’eau et l’électricité pour tous, sans but lucratif », affirme Anmora Ratovomanarivo, porte-parole des syndicats.

« Ce statut prépare une privatisation déguisée. Ce sont surtout les mots qui ont changé : aujourd’hui, on parle d’externalisation, de libéralisation, de prestation de services… mais le fond reste le même », ajoute-t-il.

Les représentants syndicaux rappellent par ailleurs que plusieurs services sont déjà sous-traités à des prestataires privés, alors même que l’on évoque un sureffectif en interne. Pour mémoire, le plan de redressement prévoit une réduction de 1 037 postes d’ici à 2029.

« Cela ne tient pas : on dit qu’on ne va pas licencier, mais on externalise des services. On enlève les employés tout en confiant leurs tâches à des sociétés privées », déplore-t-il.

Sous condition du FMI

La direction de la Jirama tente de rassurer. Elle défend un plan de redressement qui, selon elle, ne prévoit aucun licenciement immédiat, mais une gestion plus rigoureuse des effectifs. Les départs à la retraite ne seront que partiellement remplacés, tandis que les postes techniques seront renforcés, au détriment des fonctions administratives.

Elle mise aussi sur plusieurs leviers techniques et financiers : développement de l’énergie solaire et des renouvelables, réduction des pertes techniques, révision ciblée des tarifs pour certaines entreprises, restructuration de la dette. Un comité de redressement est chargé d’accompagner la mise en œuvre du plan.

La ministre de l’Économie, Rindra Rabarinirinarison, soutient la réforme. Lors d’une session au Sénat, elle a déclaré que cette transformation vise à adapter la Jirama aux évolutions du secteur énergétique : « L’optimisation de l’effectif va de pair avec la modernisation et la stabilité financière de l’entreprise. »

En toile de fond, cette réforme s’inscrit dans les engagements pris auprès du Fonds monétaire international (FMI), qui pousse à la réduction, voire à la suppression, des subventions jugées trop lourdes. Celles allouées à la Jirama atteignaient jusqu’à 250 millions de dollars par an.

Mais pour les syndicats, cela ne saurait justifier une telle rupture.

« Nous ne sommes pas contre la réforme. Mais elle doit partir du statut initial. On peut améliorer sans tout renverser », insiste Anmora Ratovomanarivo.

Face au blocage, les syndicats réclament une audience avec le président de la République. Ils affirment que plus de 3 000 employés soutiennent leur démarche.

« Il est encore temps de sauver la Jirama, mais cela ne se fera pas sans nous. Nous sommes prêts à discuter, à proposer, à construire une vraie solution. Mais nous ne pouvons pas accepter une réforme sans concertation », conclut le porte-parole syndical.

Irina Tsimijaly

1 Commentaires

  1. « Il est encore temps de sauver la Jirama, mais cela ne se fera pas sans nous. Nous sommes prêts à discuter, à proposer, à construire une vraie solution. Mais nous ne pouvons pas accepter une réforme sans concertation , conclut le porte-parole syndical»

    Juste une question pour vous les employée de la jirama:
    Depuis quand vous avez cette solution???

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