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Le CHRR Amoron’i Mania lors de la prise en charge des victimes d’intoxication alimentaire à Ambositra, au mois de juin. |
L’épisode d’intoxication suspectée au botulisme dans tout Madagascar met en lumière les lacunes du système de santé dans la gestion de ce type d’urgence. « Le pays ne dispose ni de laboratoire de toxicologie fonctionnel, ni d’antitoxine botulique immédiatement disponible en cas de besoin », notent des médecins auprès des services de réanimation médicale à Antananarivo.
Faute d’infrastructures adaptées, les échantillons doivent être envoyés à l’étranger pour identifier précisément le poison en cause. « Ce qui retarde considérablement l’administration de l’antidote. En plus, celui-ci doit être commandé à l’étranger », poursuit notre source.
La prise en charge des intoxications alimentaires repose sur trois étapes essentielles : le traitement symptomatique des maladies qui peuvent provoquer un décès immédiat, l’épuration pour enlever le poison, et l’administration d’un antidote si le poison est connu, selon un toxicologue. Une source note que le botulisme n’est pas une maladie courante et que c’est la raison pour laquelle son antidote n’est pas disponible sur le marché. Une source auprès du ministère de la Santé publique souligne par ailleurs la disponibilité de laboratoire.
Meilleure coordination
Des experts recommandent la mise en place d’un centre de toxicologie, doté à la fois d’un service clinique et d’un service analytique, ainsi que la disponibilité en permanence des antidotes pour une prise en charge rapide. « Le contexte actuel, marqué par les coupures d’électricité, le manque d’information au sein des communautés, l’insuffisance du contrôle sanitaire et de sensibilisation dans les lieux de restauration, ainsi que les conditions climatiques, augmentent les risques d’apparition du botulisme. Une meilleure coordination des services de santé, alliée à une prévention renforcée, devient urgente pour éviter des tragédies », indique un médecin.
Le botulisme n’a pas été confirmé dans les cas signalés à Ambositra, Toliara et Mahajanga, au mois de juin, tandis que les cas à Antananarivo ont été qualifiés par le gouvernement d’empoisonnement volontaire. Il a été simplement indiqué que la mortadelle est à l’origine de l’intoxication alimentaire mortelle survenue dans ces trois régions.
Miangaly Ralitera