Le raphia fait partie intégrante de l’identité artisanale malgache. Ce savoir-faire ancestral, solidement enraciné dans les communautés rurales, peine toutefois à franchir une étape essentielle : celle de la transformation locale à grande échelle.
Actuellement, près de 70 % du raphia produit à Madagascar est exporté à l’état brut, sans aucune transformation. Chaque année, environ 80 000 tonnes quittent le pays, générant à peine 4 millions de dollars de revenus en 2021, selon le ministère des Affaires étrangères. Une somme dérisoire si l’on considère ce que devient cette fibre végétale entre les mains de grandes maisons de mode.
Des marques internationales de luxe comme Prada, Jacquemus, Loewe ou Chloé utilisent du raphia, souvent tissé à la main à Madagascar ou aux Philippines. Un sac « Raphia Tote Bag » de Prada peut atteindre 1 800 euros, tandis que les modèles de Jacquemus ou Loewe se vendent entre 500 et 1 200 euros. Malgré cela, les artisans malgaches ne bénéficient que très peu de cette valeur, puisque la matière première est exportée avant d’être transformée localement.
Selon l’INSTAT, environ 49 000 artisans vivent de la transformation du raphia dans les zones rurales, mais avec des moyens limités. L’accès à la matière première est parfois difficile, en raison de sa raréfaction ou de son coût élevé.
Pour redynamiser cette filière en perte de vitesse, une rencontre nationale s’est tenue le 14 juillet au Radisson Blu à Ambodivona. Baptisée Assises nationales du raphia, elle a réuni artisans, producteurs, exportateurs ainsi que trois ministres venus écouter, proposer et structurer l’avenir du secteur.
Le ministre de l’Environnement, Max Andonirina Fontaine, a déclaré : « La filière raphia ne peut pas continuer à fonctionner comme aujourd’hui. Il faut réguler l’exploitation et mieux protéger la ressource pour qu’elle continue à exister dans les années à venir ».
De son côté, Viviane Dewa, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, a souligné : « La transformation locale est le seul moyen de créer de la valeur pour les communautés rurales. Nous devons organiser les circuits, former les artisans et leur permettre de vendre des produits finis, pas seulement de la matière brute ».
Irina Tsimijaly