Ca brûle de partout. En Europe, où c’est la canicule partout, les incendies ravagent la Grèce aux alentours d’Athènes et du Péloponnèse, la Turquie et la Bulgarie après la France. Des centaines de milliers d’hectares de forêts partent en fumée. Et chaque année, la situation devient de plus en plus grave. Elle est impossible à maîtriser malgré l’usage de matériel sophistiqué pour circonscrire le feu.
Bien que l’hiver batte son plein chez nous, cela n’exclut pas la présence de foyers de feu. Le ministère de l’Environnement a répertorié quatre-vingt-treize foyers de feu dans tout le pays. Bien évidemment, les incendies dépassent nos moyens et notre capacité à lutter contre ce fléau. Il faut se résigner à voir le peu de forêt qui reste disparaître. Le même constat d’impuissance vaut dans les grandes villes où l’on assiste à l’ivresse du feu jusqu’à ce qu’il décide de mettre fin à son œuvre diabolique. C’était le cas lors du grave incendie qui a anéanti le Tsena Sabotsy à Antsirabe la semaine passée.
L’hiver est également chaud dans l’actualité politique où les scandales se suivent et ne se ressemblent pas. Pire, on est enclin à jouer avec le feu. Alors que l’affaire d’empoisonnement d’Ambohimalaza n’est pas définitivement clos en attendant le procès qui n’en est plus un dans la mesure où tout a été dit, voilà qu’une autre affaire éclabousse le ministère des Transports. Il s’agit de l’octroi d’une certification d’immatriculation provisoire et d’un certificat de navigabilité à cinq Boeing 777 d’un opérateur douteux en Chine. Les avions se retrouvent au Cambodge qui les vend à l’Iran frappé de sanctions internationales. Le ministère des Transports évoque une trahison des opérateurs et déclare avoir déposé une plainte pour atteinte à la sûreté de l’État et faux et usage de faux. Des avis de recherche et des arrestations ont eu lieu, ont annoncé hier des autorités gouvernementales. Là où l’affaire se corse, c’est qu’en réponse à une demande d’explication, le directeur général de l’Aviation civile de Madagascar (ACM), délivreur des certificats, a révélé qu’il n’a fait qu’exécuter les consignes du ministre des Transports.
Que les documents soient faux, cela n’exclut pas le fait que des transactions illicites ont été faites. Le mal est donc fait. Des sanctions internationales risquent de tomber, en particulier contre l’ACM, coupable, qu’on le veuille ou non, d’un acte répréhensible. On aurait dû communiquer et anticiper les éventuelles conséquences de cette affaire à partir du moment où l’on a su que la validité des certificats avait expiré. Maintenant, il appartient au gouvernement de tirer les conséquences de cette affaire, d’abord pour sauver son image, ensuite pour éviter de nouvelles sanctions contre l’ACM, qui vont paralyser toute l’industrie aéronautique. Faire la part du feu, pour tout dire.
Sylvain Ranjalahy