Retard. À Madagascar, l’enseignement supérieur public peine encore à entrer dans l’ère du numérique. Les étudiants font les frais de ce retard technologique.
« Depuis un an, des efforts ont été entrepris pour la digitalisation de notre bibliothèque, afin que les ouvrages soient accessibles en ligne, car souvent, notre travail sur le terrain a lieu dans les zones difficilement accessibles. Mais nous avons rencontré des problèmes dans sa réalisation, certains ouvrages sont inaccessibles », note Aina, étudiant de l’École supérieure des sciences agronomiques de l’université d’Antananarivo.
Arizo, en Master 2 de Mathématiques et informatique appliquée, constate qu’il n’y a toujours rien de concret concernant la digitalisation dans cette université. « Théoriquement, le concept est excellent. Par exemple, la digitalisation des bourses a commencé depuis 2019, mais on ne sait pas ce qu’il en est devenu. Après six ans, rien n’est encore en place. Est-ce que cela continue ? » s’interroge-t-il. D’autres étudiants notent que la plupart des étudiants et des établissements ne disposent pas de matériel informatique, que la connexion internet fait encore défaut dans le campus universitaire alors qu’ils entrent dans le système Licence-Master-Doctorat qui requiert plus de recherches de la part des étudiants. C’était, hier, lors de la deuxième édition de Parlons de développement, organisée par la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), intitulée « Dans quelle mesure la digitalisation peut-elle révolutionner l’expérience universitaire », qui a eu lieu à Ankatso.
Selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, seuls 15 % des établissements publics sont, aujourd’hui, équipés pour dispenser un enseignement numérique de qualité. « Le problème concerne la culture numérique, c’est-à-dire la manière de vivre et d’évoluer dans un monde digitalisé, car le monde actuel a profondément changé. Dans le milieu professionnel, ces étudiants sont appelés à travailler dans des entreprises, ce qui signifie qu’ils doivent être formés aux outils numériques. Or, cette formation reste insuffisante. À cela s’ajoute la question des moyens techniques comme la connexion Internet ainsi que les équipements informatiques et technologiques destinés aux étudiants qui sont largement insuffisants. La stratégie en matière de numérique, elle aussi, reste à renforcer », note Neilla Andrianasolo, membre du comité de digitalisation au sein de l’université d’Antananarivo, à l’occasion. Selon elle, ces problèmes ne devraient pas être un blocage. L’appui des partenaires, le dialogue entre les étudiants, l’université et l’État devraient aider les universités publiques à avancer.
Miangaly Ralitera