À Antananarivo, la situation dans les stations-service demeure critique. Malgré les déclarations officielles rassurantes, la pénurie persiste et provoque des files d’attente interminables, tensions et pratiques spéculatives.
Dès les premières heures de la journée, plusieurs stations de la capitale se retrouvent à sec. À Ambohibao, et Talatamaty, des prix exorbitants au marché noir ont été relevés. « Hier matin, on vendait l’essence à 10 000 ariary », rapporte un chauffeur de taxi-moto. À Ambohimahitsy, certains ont profité de la situation pour vendre à 7 000 ariary le litre, alors que le prix officiel est de 5 320 ariary le litre pour l’essence et 4 900 ariary le litre pour le gasoil.
Dans les rangs des transporteurs, l’incompréhension domine. Un conducteur rencontré au stationnement Cotisse, à Ambodivona, témoigne : « Depuis que je travaille ici, la station près de notre point d’embarquement n’a jamais été en rupture. » Un désarroi partagé par de nombreux usagers face à cette crise soudaine.
D’après les informations, un désaccord persistant entre l’État et les compagnies pétrolières serait à l’origine du blocage. Le directeur général de l’Office Malgache des Hydrocarbures (OMH), Cydolain Raveloson, affirme que « les discussions et négociations sont toujours en cours avec les compagnies pétrolières ». Il précise que le conflit remonte à mai et mi-juin: « Ce sont les compagnies qui doivent moderniser leurs moyens de transport, mais un désaccord s’y est installé, ce qui a engendré le problème actuel. »
Pour autant, il se veut rassurant : « Tout commence à s’élucider. » Bien qu’il reste prudent, il estime qu’« avant la fin de la semaine, tout devrait revenir à la normale ». Toutefois, il pointe du doigt un autre facteur aggravant: « À cause de la panique, les gens ont tous voulu faire le plein. Cela a faussé les prévisions, alors que les stocks auraient dû suffire. »
Alors que les autorités tentent de rétablir la situation, les habitants, eux, continuent de faire la queue, l’œil rivé sur les rares camions-citernes encore en circulation.
Irina Tsimijaly