Une affaire rocambolesque de viol sur mineure a été jugée hier par la Cour criminelle ordinaire à Anosy. L’un des deux accusés a été condamné à cinq ans de prison ferme.
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Le véhicule de l’administration pénitentiaire ramène l’accusé condamné en prison. |
Le procès s’est tenu dans la salle 4 bis du Palais de justice d’Anosy, où la Cour a statué sur des faits qualifiés initialement de viol, requalifiés en attentat à la pudeur. L’un des prévenus, un jeune homme employé dans une maison familiale, a été reconnu coupable et condamné à cinq ans de prison ferme, assortis d’une amende de deux millions d’ariary et du versement d’une indemnité du même montant à la partie civile. L’avocat de cette dernière avait requis dix millions d’ariary par accusé.
Le second prévenu, le beau-père de la victime, a été acquitté au bénéfice du doute. Poursuivi pour viol et tentative de viol, il a bénéficié d’un non-lieu au regard des « contradictions entre les témoignages et les déclarations de l’enfant », a souligné la présidente de la Cour. Le manque de preuves directes a pesé lourdement dans la décision.
L’affaire met en lumière une situation familiale particulièrement instable. La victime, une jeune fille âgée de moins de 15 ans, est issue d’un couple séparé de fait, mais non divorcé. « Mon ex-mari et moi avions déjà eu des différends. Sa famille m’avait accusée de sorcellerie. Depuis notre séparation, je m’occupais seule de notre fille, même si elle allait parfois chez son père », a déclaré la mère à la barre.
La jeune femme a affirmé, en présence de son père, qu’elle ne supportait plus la cohabitation avec sa mère et son beau-père, qu’elle accuse d’abus répétés. Celui-ci a catégoriquement nié les faits. Elle a également relaté avoir été agressée, en juillet 2023, par l’autre accusé alors qu’elle séjournait chez sa tante.
« Il dormait sur le canapé, moi par terre. Il m’a violée», a-t-elle déclaré à la Cour, dans un murmure.
Une décision sous tension
Le jeune homme a reconnu l’acte : « J’ai cédé à la tentation, mais j’ai regretté et je ne l’ai plus jamais refait. Je m’en veux sincèrement », a-t-il affirmé devant la juge, appuyé par son avocat commis d’office.
La tante, chez qui se seraient déroulés les faits, a également été entendue. Elle s’est dite « profondément déçue », ayant jusqu’alors estimé le jeune homme irréprochable.
Au terme de l’audience, la magistrate a adressé un rappel aux responsabilités parentales : « Vous comprenez maintenant les souffrances de cette personne, causées par votre séparation. Vous, ses parents, avez besoin de réfléchir sérieusement. » Le beau-père, soutenu par la défense, a maintenu sa position : « Je ne me suis jamais retrouvé seul avec la fille. »
L’avocate générale a prononcé un réquisitoire succinct. Selon la procédure, les parties disposent d’un délai de trois jours pour se pourvoir en cassation. Le jugement a été prononcé en début d’après-midi.
Haja Léo