Madagascar a lancé un outil pour mesurer la contribution réelle de la pêche à l’économie nationale. Il comptabilise production, revenus et impacts du secteur halieutique.
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Représentant du ministère et responsable du programme Ecofish, réunis hier. |
Mesurer la vraie valeur de la pêche : c’est l’objectif du BEFSA (Compte Satellite de la Pêche dans l’Économie Bleue), un nouvel outil lancé par Madagascar pour mieux comptabiliser la contribution du secteur halieutique à l’économie nationale. Présenté officiellement lors d’un atelier national à Anosy, ce compte satellite marque une avancée majeure pour un secteur longtemps marginalisé dans les statistiques officielles.
Le BEFSA prend en compte la production, les revenus générés, les pertes post-capture, mais aussi les impacts sociaux et environnementaux. Il met en lumière le rôle stratégique de la pêche artisanale, souvent ignorée mais pourtant génératrice de milliers d’emplois directs et indirects à travers le pays.
« Ce compte satellite nous aide à déterminer les revenus que l’on peut espérer tirer d’une exploitation durable des ressources halieutiques », a expliqué Rado Rakotosoa, directeur général du ministère de la Pêche et de l’Économie bleue. Actuellement, la production halieutique de Madagascar est estimée à 150 000 tonnes par an, mais ce chiffre reste très en deçà du potentiel réel. D’après les premières projections issues du BEFSA, la contribution de la pêche au PIB national, aujourd’hui estimée entre 4 % et 7 %, pourrait grimper à 10 % voire 15 %, une fois les données consolidées et intégrées par l’INSTAT.
Une démarche participative
« Il faut d’abord connaître ce que l’on a, sa valeur réelle, pour prendre les bonnes décisions », a insisté un représentant du ministère.
Le projet BEFSA s’inscrit dans le cadre du programme ECOFISH, une initiative régionale financée par l’Union européenne et mise en œuvre avec le soutien de la Commission de l’océan Indien (COI). Depuis son lancement en mai 2023, son élaboration a mobilisé un large éventail d’acteurs : pêcheurs artisans, économistes, statisticiens, ONG, techniciens et décideurs publics. « Madagascar a été l’un des pays les plus actifs dans ce programme. Le compte satellite est un bon exemple de mise en œuvre concrète de l’économie bleue », a déclaré Maminiaina Marc, chargé de mission auprès du Secrétaire général de la COI.
Outre la collecte de données, le programme a également permis de renforcer la lutte contre la pêche illégale. À Mahajanga, un navire sri-lankais a ainsi été intercepté dans le cadre d’une patrouille conjointe. Des formations techniques et des équipements ont également été remis aux autorités locales, renforçant leur capacité de surveillance maritime.
Avec le Kenya, Madagascar fait aujourd’hui figure de pionnier dans la région en matière de compte satellite halieutique.
Irina Tsimijaly