ASSURANCE SOCIALE - Les artistes restent sans statut clair

Derrière la lumière des projecteurs, les artistes malgaches mènent une lutte silencieuse pour survivre. Sans statut légal ni protection sociale, ils exercent leur métier dans une précarité inquiétante.

Jazz MMC, Samoëla et Oza Jérôme témoignent de la précarité du métier d'artiste.

Zéro statut. » C’est en ces termes que l’artiste Rossy résume la situation sociale des artistes. Derrière les feux des projecteurs, une réalité bien plus sombre se dessine : la majorité d’entre eux vit sans aucune protection. Pas de couverture santé, pas d’assurance, aucun soutien en cas de maladie, d’accident ou d’accouchement.

« Si nous tombons malades, nous payons de notre poche », déplore Jazz MMC. Comme beaucoup, il a vu des confrères lancer des appels à la solidarité pour financer leurs soins.

Protection sociale

Les cachets perçus lors des prestations sur scène constituent la principale source de revenu des artistes. Or, ces revenus sont irréguliers, souvent sous-évalués, et bien loin de garantir un filet de sécurité à long terme. Le cachet moyen d’une prestation s’élève à environ deux millions d’ariary, versés par les organisateurs. D’autres sources de revenus existent : partenariats commerciaux, campagnes publicitaires, statuts d’ambassadeur d’image ou encore promotions de produits.

Certains artistes tentent toutefois de structurer leur activité : « Pour moi, Be Mozik est une entreprise musicale. Nous inscrivons donc nos artistes à la CNaPS et à l’OSTIE », explique le chanteur Samoëla.

Une démarche encore marginale, faute d’un cadre légal national clair et cohérent.

Du côté de l’Omda (Office malgache du droit d’auteur), le mandat reste limité.

« Nous respectons le droit d’auteur », précise son directeur, Joelinirina Nomenasoa Rarivojaona.

L’organisme assure la répartition des droits mais ne prend pas en charge la protection sociale. La pension versée aux artistes retraités reste symbolique : environ 60 000 ariary par trimestre, selon Oza Jérôme, artiste à la retraite. Jazz MMC, membre de l’Omda, affirme percevoir environ un million d’ariary par an grâce à ses œuvres. L’artiste Mbola Talenta déclare, quant à lui, toucher en moyenne 200 000 ariary par an. Des montants dérisoires, bien loin de garantir une vie digne, encore moins une projection sereine dans l’avenir.

À ce jour, aucune loi ne définit clairement le statut professionnel de l’artiste à Madagascar. En l’absence de reconnaissance légale et de filet social, les artistes continuent pourtant à chanter, créer, danser, faire vibrer le pays. Mais à quel prix ?Car célébrer la culture, c’est aussi protéger ceux qui la font vivre.

Nicole Rafalimananjara

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