Mouche au chocolat

Un empoisonnement. Voilà la conclusion de l’enquête sur la tragédie qui a tué dix-huit jeunes gens après avoir mangé des donuts au cours d’un anniversaire. Il y aurait donc eu une main fatale derrière cette affaire. Une substance toxique aurait été mise dans des beignets. Pour le moment, le nom de la substance n’a pas été révélé. Ce détail vaut son pesant d’or et pourrait révéler le mobile du crime. Il faut être foncièrement cynique et odieux pour empoisonner cinquante personnes dans une réception. À moins que l’objectif ne soit pas de viser une ou deux personnes précises mais de faire vaciller l’opinion publique en rajoutant une couche aux difficultés sociales et ébranler les autorités, acculées dans les cordes justement face aux nombreux problèmes de la population.

L’empoisonnement est sans doute plausible mais il pourrait avoir été causé par une avarie des aliments. Justement à cause du délestage permanent, la conservation de certains aliments devient dangereuse. Le botulisme causé par le pourrissement des aliments peut provoquer la mort de manière fulgurante. À en juger par les manifestations relatées par les proches des victimes, il y a de fortes ressemblances au botulisme. Le fait qu’il y ait également des victimes à Mahajanga et Toamasina prouve bien que l’altération des aliments peut être mortelle.

Dans le passé, il y avait une recrudescence du botulisme en 1982 à une époque où presque tous les produits de première nécessité étaient introuvables. Beaucoup de victimes ont été enregistrées. C’était la grande pénurie de la révolution socialiste. Il n’y avait ni savon, ni dentifrice, ni cure-dents. L’heure était à la production locale et artisanale de ce dont on avait besoin à l’image de l’huile dite « presse » produite sans être raffinée et supposée être cancérigène. Ou des charcuteries produites de manière artisanale sans aucun respect des normes et principes de conservation. Justement, comme ce fut le cas à Mahajanga, les victimes à l’époque avaient consommé de la mortadelle.

Mais délestage ou pas, la salubrité des aliments qu’on sert aux consommateurs constitue également un facteur à risque. On rencontre souvent des mouches au chocolat dans des pâtisseries de fortune, des cafards laqués dans des gargotes hideuses, des rat...atouilles dans des restaurants lugubres... Et quand on voit comment les bouchers lavent les boyaux pour en faire des saucisses dans le canal Andriantany ou à Ampasika là même où toutes les saletés passent, on réalise que tous les jours on est exposé à diverses maladies. Et ce qui devait arriver arriva. Le donut de malheur.

Sylvain Ranjalahy

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