Au Salon du tourisme à Ivato, professionnels malgaches et marocains ont mis en avant le rôle économique du secteur. Madagascar doit encore surmonter plusieurs défis pour attirer plus de visiteurs.
![]() |
Des représentants malgaches et marocains lors du Salon international du tourisme à Ivato. |
Cette semaine, le Salon international du tourisme se tient au CCI Ivato, à Antananarivo. L’événement a réuni des acteurs venus de plusieurs pays, dont le Maroc, pour discuter de l’avenir du tourisme à Madagascar. Tous s’accordent sur un point : ce secteur a un impact direct sur l’ensemble de l’économie.
« Quand un touriste arrive, ce n’est pas seulement un hôtel qui travaille. Ce sont les taxis, les restaurants, les guides, les artisans… c’est toute une chaîne qui s’active», a expliqué le responsable de l’Office national du tourisme du Maroc. Le Maroc a accueilli 17 millions de touristes en 2024, générant 11,2 milliards de dollars. « Nous sommes là pour partager notre expérience et renforcer les échanges entre nos deux pays. »
Pour Madagascar, le tourisme représente déjà un poids important. La ministre du Tourisme, Viviane Dewa, a rappelé que le pays a reçu trois cent quinze mille touristes en 2024, pour 780 millions de dollars de recettes. Le secteur pèse 14 % du PIB et soutient trois cent cinquante mille emplois directs. L’objectif est d’atteindre un million de visiteurs par an d’ici 2028.
Des agences marocaines, dont ASK Morocco, ont profité du salon pour établir des contacts. « On voit beaucoup de potentiel ici : les plages, la nature, la culture. Mais pour attirer plus de visiteurs, il faut des routes, de bons hébergements et de la promotion en ligne », souligne Amine, représentant de l’agence.
Ambition
Mais ces ambitions se heurtent à plusieurs freins structurels, en particulier le coût et la difficulté d’accès au territoire. Le coût du transport aérien est l’un des plus gros freins. « Le prix du billet reste trop élevé. Les taxes sont lourdes, et le carburant coûte jusqu’à 35 % de plus qu’aux Seychelles ou à Maurice. C’est un vrai problème », explique Thierry de Bailleul, directeur général de Madagascar Airlines. Il déplore aussi le monopole dans l’approvisionnement en carburant, qui augmente les charges pour les compagnies.
Madagascar compte sur ses partenariats pour améliorer sa connectivité. Emirates assure aujourd’hui six vols par semaine entre Dubaï et Antananarivo via Mahé, et Air France propose quatre à cinq vols par semaine depuis Paris. Mais cela reste insuffisant pour un pays qui ambitionne d’accueillir un million de touristes par an.
Pour beaucoup, ce salon est un point de départ. Le tourisme peut faire avancer toute l’économie, à condition d’investir dans les bons outils. « Il faut continuer les efforts. Madagascar a des atouts, maintenant il faut les rendre accessibles », conclut Amine.
Irina Tsimijaly