RESTITUTION DES ÎLES CHAGOS - Un accord à 3,4 milliards de livres sterling entre Maurice et le Royaume-Uni

Les délégations des deux pays lors de la signature de l'accord, samedi.

Un demi-siècle après le déplacement forcé de la population chagossienne et plusieurs décennies de contentieux diplomatique, le Royaume-Uni et Maurice ont signé un accord qualifié d’historique sur le statut de l’archipel des Chagos.

L’accord reconnaît la souveraineté mauricienne sur l’ensemble de l’archipel, tout en maintenant l’administration britannique de l’île de Diego Garcia pour une période initiale de 99 ans. Cette île, la plus vaste de l’archipel, abrite une base militaire stratégique conjointe entre les États-Unis et le Royaume-Uni, pilier de la présence occidentale dans l’océan Indien.

Fruit de longues négociations entamées en 2023, l’accord marque un tournant dans un contentieux hérité de la décolonisation. En 1965, trois ans avant l’indépendance de Maurice, le Royaume-Uni avait détaché les Chagos de son territoire. En 2019, la Cour internationale de justice (CIJ) et l’Assemblée générale des Nations unies avaient jugé cette séparation illégale, exhortant Londres à restituer l’archipel « dans les plus brefs délais ».

Jusqu’à récemment, le Royaume-Uni n’avait pas donné suite à ces injonctions.

En vertu du nouvel accord, Londres s’engage à verser à Maurice un total estimé à 3,4 milliards de livres sterling sur la durée du bail. 

Comme une victoire

Les trois premières années, les paiements atteindront 165 millions de livres sterling par an, avant de passer à 120 millions pendant dix ans, puis d’être indexés sur l’inflation. L’enveloppe vise à soutenir le développement économique de Maurice ainsi que la réinstallation partielle des descendants des quelque mille cinq cents Chagossiens déplacés entre les années 1960 et 1970.

Un fonds de 40 millions de livres sera consacré à la communauté chagossienne, aujourd’hui dispersée entre Maurice, le Royaume-Uni et les Seychelles.

À Port-Louis, l’accord est accueilli comme une victoire. Le Premier ministre Navin Ramgoolam a salué « la fin d’un chapitre colonial » et le rétablissement des droits souverains de Maurice. Du côté britannique, les autorités insistent sur la continuité des opérations militaires et sur les garanties apportées à Washington quant à la stabilité stratégique de la base.

L’accord n’échappe toutefois pas aux critiques. Des parlementaires conservateurs à Londres dénoncent son coût financier. Plusieurs représentants de la diaspora chagossienne s’élèvent également contre le manque de transparence des négociations et l’absence de garanties claires sur le droit au retour.

Malgré ces réserves, l’accord constitue une avancée notable vers la résolution d’un litige postcolonial. Reste à savoir si l’exemple mauricien trouvera écho ailleurs dans l’océan Indien.

L'Express de Madagascar

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne