PEINTURE - Fabien Rakoto redonne vie aux murs

Fabien Rakoto, fier devant l’une de ses fresques.

Peintre autodidacte et entrepreneur passionné, Fabien Rakoto s’impose à Antsiranana avec des fresques qui mêlent esthétisme, messages sociaux et engagement local.

« J’ai connu la galère, mais la peinture m’a sauvé », confie Fabien Rakoto, artiste peintre de 33 ans, dont les œuvres colorient les murs d’Antsiranana. Né à Ambalavelona, à Ambanja, et installé à Antsiranana depuis 2022, il incarne aujourd’hui une nouvelle génération d’artistes ancrés dans leur territoire et résolument tournés vers l’avenir.

C’est à Nosy-Be que tout commence, en 2013, alors qu’il découvre la peinture dans la deuxième moitié de sa vingtaine. 

« J’ai commencé tard, mais une fois le pinceau en main, je n’ai plus jamais arrêté. » Il y monte un atelier, expose dans des hôtels et rejoint l’association Miaraka. Durant sept ans, il affine sa technique, son regard et sa vision. En 2020, après une riche expérience, il quitte l’île pour Antsiranana.

À Antsiranana, sa carrière prend un tournant décisif. Il travaille dans des lieux publics comme le Taxi Be, le Nouvel Hôtel, ou encore à la Place Joffre et à Ramena, où ses fresques murales attirent les regards. Membre de l’association Loko, il s’implique dans des projets artistiques collectifs.

Services professionnels

 « Je me distingue par mes grandes fresques : portraits, paysages, messages éducatifs ou publicités graphiques. Mon art vit dans les écoles, les restaurants, les rues. »

En 2023, sa collaboration avec les sœurs chrétiennes de Notre-Dame marque un nouveau départ. Il peint les murs de plusieurs écoles catholiques, ce qui attire l’attention de l’opérateur Telma, qui l’engage comme prestataire. « Ce partenariat m’a poussé à aller plus loin. C’est là que j’ai fondé F-Art, ma propre start-up. » Une structure qu’il souhaite développer pour proposer des services professionnels dans la décoration, la publicité murale, mais aussi l’art à vocation sociale.

Aujourd’hui, Fabien Rakoto ne se limite pas à son rôle d’artiste. Il sillonne la région à moto, prêt à répondre aux demandes les plus variées. Il est également membre de la Chambre des Métiers d’Antsiranana, et engagé dans le programme GERME de l’OIT (Organisation Internationale du Travail), qui accompagne les entrepreneurs en gestion et développement.

« Être artiste, c’est aussi être entrepreneur. J’ai appris à gérer, à structurer mon travail. Mon rêve est clair : faire grandir F-Art et être reconnu comme un grand dessinateur réaliste à Madagascar. »

Portraits, graffitis, décos gothiques… son art, loin de se figer dans une seule forme, est en perpétuelle évolution.

Fabien Rakoto, c’est l’histoire d’un homme qui a fait de ses difficultés une source d’inspiration, et de ses murs, un langage. À travers ses œuvres, il redonne des couleurs aux rues de Antsiranana et prouve que l’art peut être moteur de changement autant qu’outil de survie.

Cassie Ramiandrasoa

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne