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La commune d’Ambatofotsy, dans le district d’Ikongo. |
Le district d’Ikongo est confronté à une recrudescence alarmante du paludisme. Cette maladie endémique prend une ampleur dramatique dans cette région enclavée.
Une résurgence inquiétante.Les autorités d’Ikongo tirent la sonnette d’alarme, notamment dans la commune d’Ambatofotsy, où la propagation du paludisme s’accélère depuis le mois d’avril. « La situation est hors de contrôle », affirment-elles d’une seule voix. Les cas d’infection ne cessent d’augmenter, malgré les efforts fournis par les professionnels de santé, qui parcourent les fokontany pour repérer et prendre en charge les malades.
Jean Bosco Telolahy, chef du fokontany de Mahasoa — le village le plus touché de la commune d’Ambatofotsy — rapporte des pertes humaines tragiques.
« Aujourd’hui (ndlr : mardi 27 mai), une jeune femme de 20 ans est décédée. Un enfant est mort la nuit dernière, et un autre hier dans la journée. Tous présentaient les mêmes symptômes. Une fois décédés, leur peau devient jaune », témoigne-t-il. Il estime à une vingtaine le nombre de personnes présentant les symptômes du paludisme et ayant succombé dans son fokontany au cours du mois de mai.
Le maire de la commune, Jean Ravelonjatovo, souligne également la gravité de la situation : « Sur deux cents personnes ayant passé le test de dépistage, seules quarante ont été testées négatives. Ce qui est encore plus alarmant, c’est que certaines personnes infectées perdent soudainement connaissance et s’effondrent, avant de présenter des épisodes de diarrhée », lance-t-il.
Tradipraticiens
Lors d’une conférence de presse tenue lundi, le ministre de la Santé publique, le professeur Zely Randriamanantany, a annoncé une vingtaine de décès à Ikongo, sans confirmer qu’il s’agit de morts dues au paludisme. Il précise que la plupart sont des décès communautaires : les victimes n’avaient pas fréquenté les centres de santé, préférant se tourner vers les tradipraticiens. Cette médecine traditionnelle, selon lui, contribuerait à la hausse du taux de mortalité. Il indique toutefois que des équipes médicales sont présentes sur le terrain depuis deux semaines pour assurer une veille sanitaire. Depuis, aucun nouveau décès n’aurait été signalé. Des moustiquaires imprégnées d’insecticide ont également été distribuées.
Les autorités locales saluent les efforts du ministère de la Santé publique — à savoir la distribution de moustiquaires, l’approvisionnement en médicaments et en tests de dépistage, ainsi que le déploiement d’équipes mobiles de santé — mais jugent ces interventions insuffisantes. Elles réclament une présence continue des professionnels de santé et une distribution massive de moustiquaires. « Des agents de santé sont intervenus dans notre fokontany et ont soigné gratuitement les malades. Mais dès qu’ils se rendent dans d’autres localités, le nombre de cas repart à la hausse. En outre, une centaine de moustiquaires ont été distribuées, ce qui est insuffisant. Certains foyers comptent jusqu’à trois ou quatre lits », insiste Jean Bosco Telolahy.
Miangaly Ralitera