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Le lavage des mains prévient de nombreuses maladies. |
Le manque d’eau potable à Antananarivo affecte gravement l’hygiène de la population. Ménages, écoles,centres de santé et petits métiers sont les premières victimes de cette pénurie, devenue un enjeu sanitaire majeur.
Depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, la capitale malgache, Antananarivo, fait face à une pénurie d’eau persistante. Ce problème d’approvisionnement touche aussi bien les quartiers populaires que les zones plus urbanisées. Les conséquences sont nombreuses, affectant directement la vie quotidienne des habitants et compromettant gravement les conditions sanitaires.
L’un des effets les plus alarmants concerne l’hygiène de base. L’absence d’eau rend difficile, voire impossible, le lavage des mains — un geste pourtant essentiel pour prévenir les maladies infectieuses telles que le choléra, la typhoïde ou certaines infections respiratoires. Ce geste simple, mis à l’honneur lors de la Journée mondiale du lavage des mains, devient inaccessible pour une partie croissante de la population.
La situation est critique dans certains quartiers où les toilettes deviennent inutilisables. « Nous avons bel et bien des toilettes, mais sans eau, elles ne servent à rien », témoigne Thierry Rakotondrazaka, habitant d’Anosibe. Faute de solution, certains résidents sont contraints de pratiquer la défécation à l’air libre, ce qui favorise la propagation des maladies hydriques.
Indispensable
Les activités économiques les plus vulnérables sont également durement frappées. Lalao Andrianantenaina, gargotière dans la capitale, raconte : « L’eau est indispensable pour tout : laver le riz, cuire les légumes, nettoyer les ustensiles. Quand il n’y a pas d’eau, je dois acheter des bidons à 1 000 ariary chez les porteurs. Ça me coûte cher, et je suis obligée d’augmenter un peu le prix de mes plats. Les clients râlent, mais je n’ai pas le choix. »
Les établissements scolaires et les centres de santé ne sont pas épargnés. Dans plusieurs écoles publiques, le manque d’eau entraîne une réduction des horaires de cours. « Nous sommes obligés d’écourter les journées de classe, faute d’eau pour les sanitaires », déplore un directeur d’école. Dans les hôpitaux, l’application des règles d’hygiène devient un défi quotidien.
Face à cette crise, les autorités locales et nationales tentent de réagir. La Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, évoque une baisse du niveau des réservoirs et l’obsolescence des infrastructures. Des travaux d’urgence ont été annoncés pour réparer certaines canalisations et renforcer la distribution dans les zones critiques.
Au-delà de la conjoncture, cette pénurie d’eau met en lumière les fragilités structurelles d’une ville en pleine expansion, où l’accès à l’eau potable reste encore un privilège. Vendeurs de rue, gargotiers, coiffeurs et autres professionnels dont l’activité repose sur l’eau vivent aujourd’hui dans l’incertitude.
Mialisoa Ida