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Le signalement de disparitions d’enfants afflue auprès des commissariats à Antananarivo. |
Les disparitions d’enfants suscitent l’inquiétude ces derniers temps. La fugue constitue le principal motif de ces disparitions, d’après la Police nationale.
Les fugues prennent de l’ampleur. Le service central de la Police des mœurs et de la protection des mineurs a recensé trente-quatre cas de fugue, dont vingt-quatre filles et dix garçons, depuis le début de l’année 2025. Certains ont été retrouvés et sont rentrés chez eux, tandis que d’autres restent introuvables.
Tahiry NomenjanaharyRazanarimanana, un père de famille résidant à AmbohidroaAmbohimanarina, a retrouvé sa fille il y a quelques jours, après plusieurs jours de recherches intensives.
« Ce sont les parents de son petit ami qui l’ont ramenée à la maison, le 9 mai », témoigne-t-il. Sa fille, âgée de 15 ans, avait quitté la maison le 5 mai à 6h30 pour aller à l’école ; elle n’était pas rentrée comme à l’heure habituelle. La famille a multiplié les recherches en contactant et en interrogeant les proches, les amis, les camarades de classe… mais en vain. Elle s’était en réalité cachée chez son petit ami, ce qui a étonné ses proches.
« Nous ignorions qu’elle avait un petit ami. Les histoires amoureuses sont pourtant des sujets discutés à la maison. Mais elle n’a pas osé nous en parler », regrette son père.
Manque de confiance
Une autre histoire similaire concerne une adolescente de 16 ans, qui s’est enfuie avec son petit ami le 30 avril. Ses parents ont mis fin à l’avis de recherche après avoir appris qu’elle avait été aperçue avec lui à Ambohitsoa Mahazoarivo quelques jours plus tard, bien qu’elle ne soit pas encore rentrée chez elle.
Les fugues ne sont pas toujours liées à des histoires d’amour. Deux frères, Riantsoa et Manampisoa, sont portés disparus depuis lundi. Selon leur famille, ils ont quitté la maison en tenue d’écolier avec leur cartable, mais ne sont jamais revenus. Contactée hier par téléphone, leur mère confirme qu’ils n’ont pas encore été retrouvés, mais elle se veut rassurante : « Ils se cachent quelque part avec des amis », affirme-t-elle. Elle avoue ne pas comprendre les raisons de leur disparition. Des publications sur les réseaux sociaux signalant leur absence mentionnent qu’ils ont été grondés peu avant leur départ. La mère réplique que ce genre de problème ne se pose pas dans leur famille.
Selon Kolo Randriamanana, psychologue, un manque de communication et de confiance entre les parents et leurs enfants peut favoriser les fugues.
« Les enfants et les adolescents ont besoin de confiance dans le cercle familial. Il doit exister une relation basée sur la confiance entre eux et leurs parents. Certains reproches ou punitions peuvent être interprétés par les enfants comme un manque de confiance de la part des parents, ou comme un jugement sur leur valeur. Lorsque les adultes s’expriment avec agressivité, des cris, des coups ou des humiliations, cela peut faire naître chez l’enfant le sentiment d’être inutile ou rejeté. Il est important de construire une vraie connexion émotionnelle avec l’enfant », recommande la psychologue.
Miangaly Ralitera