FINANCEMENT - Les secteurs essentiels à la vie quotidienne privilégiés

Le BTP se trouve parmi les secteurs qui captent  la majorité des financements.

Face à l’inflation, les banques malgaches recentrent leurs crédits sur les secteurs les plus sûrs. Le commerce, l’agriculture et les transports deviennent prioritaires.

Dans un contexte de resserrement monétaire et de tensions économiques persistantes, les banques malgaches recentrent leurs financements sur les secteurs les plus enracinés dans la vie économique : le commerce, les transports, l’agriculture et le bâtiment-travaux publics (BTP) concentrent désormais l’essentiel des crédits. Les données publiées par la Banky Foiben’i Madagasikara (BFM) pour le premier trimestre 2025 confirment cette réorientation, au détriment des secteurs industriels et extractifs, jugés plus risqués.

Ce recentrage stratégique répond à une logique de prudence. Depuis la mi-2024, l’inflation est repartie à la hausse, incitant les établissements financiers à privilégier les secteurs à flux de trésorerie réguliers et peu sensibles aux chocs extérieurs.

« Les banques cherchent aujourd’hui à sécuriser leurs financements. Elles privilégient les secteurs avec des flux stables, une visibilité sur la demande et une moindre exposition aux aléas extérieurs »,analyse un économiste proche du secteur bancaire.

Le désintérêt pour les secteurs extractifs

Le secteur extractif incarne ce repli prudent. Pour le deuxième trimestre consécutif, il n’a bénéficié d’aucun crédit bancaire. Le repli des cours du nickel, le désengagement progressif des investisseurs étrangers, ainsi que le financement direct des filiales minières par leurs maisons mères expliquent en grande partie cette mise à l’écart.

Ce positionnement des banques s’inscrit dans un environnement macroéconomique sous pression. Le 6 mai 2025, la BFM a relevé son taux directeur de 150 points de base, le portant à 12 %. Cette mesure vise à contenir une inflation atteignant 8,4 % en mars, alimentée par la hausse des prix du riz, des produits importés et de l’énergie. Elle cherche également à freiner l’expansion rapide de la masse monétaire, attendue en hausse de 14,7 % au deuxième trimestre.

« Lorsqu’une banque accorde un crédit, elle crée de la monnaie. Or, une expansion monétaire trop rapide, non adossée à une production réelle équivalente, peut alimenter l’inflation », poursuit l’économiste.

Le durcissement monétaire rend le crédit plus coûteux et freine mécaniquement les investissements à long terme ou à haut risque.

Face à ces incertitudes, les banques adoptent une posture résolument défensive. Elles privilégient les secteurs directement liés aux besoins quotidiens, caractérisés par une rotation rapide des capitaux et une meilleure prévisibilité des marges.

La BFM, de son côté, reste vigilante. Elle n’exclut pas de nouvelles mesures si la surliquidité bancaire persiste, tout en rappelant que sa priorité demeure la stabilité des prix et le rétablissement des équilibres macroéconomiques.

Irina Tsimijaly

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