L’ariary a pris de la valeur face au dollar, rendant les exportations plus coûteuses. Cette hausse, ajoutée à une nouvelle taxe douanière, fragilise la compétitivité des produits malgaches.
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| L’ariary fort rend les exportations comme le textile plus chères aux États-Unis. |
L’ariary a gagné en valeur face au dollar américain ces derniers mois. Ce phénomène, observé à la fois par la Banque centrale de Madagascar et sur plusieurs plateformes de change en ligne, a des conséquences directes sur les exportations du pays.
Selon le professeur Herinjatovo Ramiarison, de l’Université d’Antananarivo, cette hausse de l’ariary signifie que les produits malgaches vendus en dollars deviennent plus coûteux pour les acheteurs étrangers. Par exemple, un produit qui valait environ 9 dollars en mars en vaut aujourd’hui 10. Pour les acheteurs américains, cela rend les produits malgaches plus chers. « Quand l’ariary s’apprécie, cela rend nos exportations plus chères en dollars, ce qui peut réduire leur compétitivité », explique-t-il.
Actuellement, un dollar vaut environ 4 300 ariary, contre près de 4 700 ariary en mars dernier. Cette variation d’environ 5 % rend les produits malgaches plus onéreux sur le marché américain, un marché clé pour Madagascar.
À cette difficulté monétaire s’ajoute une nouvelle taxe douanière américaine de 15 % mise en place depuis ce mois d’août. Cette taxe supplémentaire concerne plusieurs produits malgaches, notamment les vêtements, les produits miniers et la vanille, qui bénéficiait jusque-là d’une exemption.
Délocalisation
Pour les exportateurs, cela crée un double obstacle. Le professeur Herinjatovo Ramiarison souligne que ces deux facteurs, la hausse de l’ariary et la taxe américaine, pèsent lourd sur la compétitivité malgache à l’international. « Nos produits deviennent plus chers, ce qui peut freiner la demande et faire perdre des parts de marché », dit-il.
Cette situation inquiète particulièrement les entreprises qui exportent principalement vers les États-Unis. Certaines pourraient réduire leur production, voire fermer, et la sous-traitance textile pourrait être délocalisée vers d’autres pays comme le Kenya ou le Lesotho, où les taxes sont moins lourdes.
En parallèle, l’ariary s’est déprécié face à l’euro. Mais le marché américain reste un partenaire économique majeur pour Madagascar.
Le professeur rappelle que le taux de change est fixé par le marché et dépend aussi de la confiance des investisseurs étrangers. Face à ces défis, il devient urgent pour Madagascar de trouver des solutions pour protéger ses exportateurs et maintenir sa compétitivité à l’échelle mondiale.
Irina Tsimijaly
