JIRAMA - Vingt-cinq milliards d’ariary envolés en deux mois

La Jirama confrontée à une trésorerie fragile.

La situation financière du fournisseur public continue de se dégrader. D’après les chiffres communiqués par le ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures, les encaissements ont fortement chuté dès septembre 2025. Alors que le chiffre d’affaires encaissable moyen atteint 95,4 milliards d’ariary par mois, les recettes d’octobre n’en ont représenté que 83 %. Une perte équivalente à près de 16 milliards d’ariary, révélatrice de la fragilité de la trésorerie de l’entreprise.

Cette baisse a entraîné une augmentation rapide des impayés. Entre septembre et octobre, ceux-ci ont progressé de 9,5 milliards d’ariary, alors que les hausses des mois précédents étaient nettement plus limitées. Aujourd’hui, les factures non réglées dépassent les 20 milliards d’ariary. Parallèlement, l’endettement de la Jirama reste colossal : 2 500 milliards d’ariary selon la Cour des comptes en 2022, et plus de 5 300 milliards d’ariary au total, soit 7,6 % du PIB.

La situation est aggravée par des coûts de production largement supérieurs aux tarifs appliqués aux consommateurs. Même les subventions de l’État ne suffisent pas à combler le déficit. Dans ce contexte, la société se retrouve confrontée à une trésorerie de plus en plus tendue et à une pression permanente sur ses opérations.

Une grève coûteuse

La crise est en grande partie liée à la grève de deux mois menée par les agents syndiqués, qui a ajouté une pression supplémentaire sur les finances de la Jirama. Selon le ministère, «les deux mois de paralysie ont entraîné un manque à gagner avoisinant les 25 milliards d’ariary». Les employés réclamaient notamment le départ du directeur général Ron Weiss et s’opposaient au nouveau statut de la compagnie.

Les conséquences ont été lourdes : 103 815 appels perdus, 95 030 appels non traités et 3 554 requêtes clients non enregistrées dans le CRM. Pour remettre l’entreprise sur les rails, «une réquisition a été émise, interdisant aux agents de faire grève et leur demandant de reprendre immédiatement le travail», indique le ministère. L’objectif est de «trouver rapidement des solutions pour le recouvrement des factures et le redressement financier de l’entreprise», et la Jirama doit proposer des mesures pour appliquer cette réquisition.

Concernant le départ de Ron Weiss, le ministère tempère. «Toute décision nécessiterait un audit préalable, car sa nomination avait suivi une procédure spécifique de la Banque mondiale. Ce n’est qu’après l’évaluation et le rapport de l’audit que le ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures, en coordination avec la Banque mondiale, pourra se prononcer sur un éventuel remplacement.»

Entre recettes en chute libre, impayés croissants et crise sociale interne, la Jirama fait face à un double défi: stabiliser sa trésorerie tout en gérant une crise organisationnelle qui impacte directement les consommateurs.

Irina Tsimijaly

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