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Lors d’une cérémonie de sortie de promotion à l’université d’Antananarivo. |
Les universités publiques et privées produisent des milliers de diplômés chaque année. Pourtant, à la fin de leurs études, de nombreux jeunes se retrouvent face à un marché du travail saturé et désorienté.
Du gâchis. Plusieurs jeunes diplômés d’études supérieures finissent dans un secteur de travail totalement différent de leur parcours universitaire. Hasina, titulaire d’un Master II en Sciences du tourisme obtenu à l’Université d’Antananarivo, travaille aujourd’hui comme opérateur en ligne, alors qu’il rêvait de rejoindre une agence de voyages.
« J’ai postulé ici et là, mais je n’ai pas obtenu de réponse favorable pour le moment », a-t-il témoigné hier. François, diplômé de Master en sociologie, est devenu enseignant dans un lycée privé. Fanantenana, licenciée en relations internationales d’un institut supérieur privé, œuvre désormais dans le domaine du travail social. « Les opportunités professionnelles ne correspondent que rarement à nos domaines d’études. Par exemple, les sociologues devraient théoriquement évoluer dans le social, l’humanitaire ou les ressources humaines. Pourtant, beaucoup d’entre nous travaillent dans le secteur bancaire, après avoir suivi des formations complémentaires. D’autres deviennent enseignants ou s’orientent vers la politique locale en devenant chefs de fokontany ou maires », explique David Réalon, président de l’Association des étudiants en sociologie de l’Université d’Antananarivo.
Manque d’expérience
Pour certains, le diplôme universitaire n’est qu’un tremplin vers la fonction publique. Manato, doctorant et ancien président de l’Association des étudiants en économie de la même université, estime que l’obstacle majeur est le manque d’expérience.
« Pour les employeurs, le critère principal reste l’expérience, et non le diplôme. Seuls ceux qui disposent de cette expérience peuvent prétendre, ainsi, à un poste », estime-t-il.
Selon les données disponibles depuis les années 2010, environ cinq cent mille jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail, alors que seulement trente-quatre mille postes sont disponibles. Ces chiffres, bien que non actualisés, traduisent une réalité persistante : l’inadéquation entre la formation universitaire et les besoins du marché.
« Les employeurs affirment qu’ils recrutent, mais les profils disponibles ne répondent pas aux compétences et qualifications recherchées », souligne Ange Simonia Ingy, directeur général de la Promotion de l’emploi au sein du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Fonction publique.
De son côté, Alfred Andriamamonjy, directeur de l’Apprentissage et de l’Enseignement à l’Université d’Antananarivo, rappelle que, depuis la mise en place du système LMD (Licence-Master-Doctorat), l’enseignement supérieur est davantage orienté vers l’employabilité. Cependant, cette orientation tarde à produire des résultats tangibles, compte tenu du constat des employeurs. Face à cette situation, Ange Simonia Ingy encourage les jeunes à se détourner des filières saturées telles que le droit, la gestion ou l’économie, et à s’orienter davantage vers des secteurs porteurs comme l’agronomie, la transformation agricole....
Miangaly Ralitera